31.10.07

Place of Birth - Funky Brewster !


On a souvent l’habitude d’entendre : « les voies des genres musicaux sont impénétrables », et ce à bon escient. Pourquoi la musique de James Brown, le Créateur, comme on l’appelait souvent, par exemple a-t-elle débouché sur l’apparition du funk ? S’est-il assis à son bureau un soir, et en regardant ses partitions s’est-il exclamé : « tiens c’est funky, je vais appeler ça du funk » ?Mais qu’est-ce donc qui régit la création d’un type de musique ? Par quoi tout commence ? Prenons donc deux genres bien distincts pour essayer de comprendre ce phénomène : la funk et le trip-hop.
Est-ce que quelqu’un s’est déjà demandé ce que voulait bien dire le mot funk ? Je vous avoue que jusqu’à aujourd’hui, pour moi funk voulait dire funk. La seule définition que j’avais de funk c’était quelque chose de funky (on va aller loin avec ça…), d’enjoué, fait d’une myriade d’instrument un truc qui fait que votre corps se met à bouger tout seul, presque instinctivement. Une musique qui vous guide, vous vous sentez comme un cobra devant un joueur de flûte, c’est irrésistible. Et ce n’est pas Maceo Parker qui dira le contraire : « "Le funk, c'est un style fait pour ceux qui veulent danser et s'amuser, un style permettant de lever d'emblée toute inhibition. »
Donc la funk amène le funky et inversement. C’est un peu le chat qui se mord la queue, on n’en voit pas la fin. Oui mais ça veut dire quoi en vrai ?
Et bien, après investigation , des jours d’enquêtes, des nuits d’analyse, votre Champolion de la partition a trouvé la réponse, on trouverait l’origine de la funk …en Belgique ! Oui, monsieur !
En flammand, fonck est synonyme de peur, d’épouvante, au XVIIe siècle. Et qu’est-ce qui se passe quand on a peur ? On sue à grosses gouttes. Et de là va découler le mot funk, qui désigne plus généralement la sueur et les odeurs corporelles (on parle même d’une origine française pour la funk, du mot « fumet » ou d’une origine angolaise du mot « lu-fuki » en kikongo, les historiens musicos ne sont pas très clairs là-dessus).
Par la suite, l’Amérique va s’approprier le mot funk pour désigner toute odeur puissante et forte, et plus particulièrement celle qui accompagne l’acte sexuel. Vous l’aurez sûrement trouvé tout seul, les homophonies entre « funk » et l’argot américain « fuck » auront contribué à l’évolution du mot. Rien d'étonnant alors à ce que le mot funk envahisse l'univers de la musique populaire noire, que cette vieille Amérique puritaine considère comme proprement obscène.
Rendons donc à César ce qui appartient à César, les débuts de la funk seront officialisés par le titre du Créateur, « Cold Sweat ». Voilà où et comment le funk était né, et ça donnait de sacrées sueurs froides à l'époque !
De GrandMaster Flash a Georges Clinton, en passant par le Funky man de Kool & the Gang et les psychédéliques Sly and The Family Stone, ou encore les trois éléments indispensables du genre, Earth, Wind and Fire, la funk aura depuis, littéralement inondé les dance floors et c’est pas pour nous déplaire !
Attention, vous allez avoir une irrémédiable envie de bouger (Fais gaffe Axel, tes bras vont scratcher !). Are you ready ?

24.10.07

Welcome to the cruel world


La musique que nous écoutons est en partie dictée par notre environnement. Certes, nos propres goûts entrent en jeu, mais on écoute souvent un artiste à la suite d'un "tiens, il faut que tu écoutes ça !" ou un "c'est qui un tel ?". On se détache de plus en plus, et grand bien nous en fait, du processus de l'industrie du disque (qui part à vau-l'eau soit dit en passant, si personne ne l'avait remarqué) : j'allume ma radio, j'écoute, j'accroche, on bombarde donc j'achète.
C'est donc par une belle journée ensoleillée de la fin de l'année 2004, en plein exposé de communication (j'ai presque envie de dire que ça me manque mais je n'irai quand même pas jusque là !), que je me prêtais au jeu du "c'est qui qui chante ?" en lançant un "c'est qui Tracy Chapman ?". Cette requête fut accueillie comme il se doit, c'est-à-dire par un brouhaha général agrémenté de quelques offusquements du genre "Le mec il ne connaît pas Tracy Chapman, la honte !".
Non, je n'avais pas vécu sur une île déserte ou dans une grotte pendant dix ans, et je ne me réveillais pas non plus d'une longue période de coma. Toujours est-il que pour moi, je savais qui elle était sans le savoir, et on m'en aurait fait écouter un titre je ne serais pas passé pour le dernier des Mohicans. Mais soit, j'ai appris dès lors à découvrir son univers et à surtout arrêter de la confondre avec un chanteur. Parce que s'il en est des voix au timbre à la clé de do, Tracy Chapman en est, incontestablement.
Cette jeune demoiselle de l'Ohio, fit son entrée sur la scène internationale par la (très) grande porte en 1988, pendant un concert de soutien à Neslon Mandela. Wembley était sous le charme, et le monde entier n'allait pas tarder à suivre.

Comment résister à ce regard emprunt d'une belle mélancolie, d'inquiétude et d'espoir mélangés ? Quoi de plus fort que de s'intéresser à ceux qui parlent de révolution, à cette époque où l'Apartheid fait rage et où Reagan creuse les inégalités sociales tout en finançant des dictatures en Amérique du Sud et en soutenant les afrikaneers ?
Son premier album (éponyme, original !) est un recueil de chansons écrites dans les années 80 , de perles rares, comme Talkin' Bout A Revolution, Fast Car , Baby Can I Hold You ,She's Got Her Ticket ou encore For My Lover .
Avec un ton désabusé et un discours politiquement incorrect, la belle n'a pas froid au yeux et aborde des thèmes tels que la pauvreté, la violence conjugale mais aussi la guerre ou encore la famine. Sa voix au timbre masculin chante ses aspirations, ses craintes et ses combats, avec une guitare comme seul compagnon.
Six albums s'ensuivront, tous accrocheurs, avec des refrains qui s'imprègnent facilement dans nos têtes, comme pour ne pas oublier la misère, la violence et l'injustice du monde dans lequel nous vivons. Du bluesy Give me one reason au très arrangé Bang Bang Bang qui parle du désespoir d'un jeune garçon dont les rêves sont brisés par un monde enclin au racisme (notre planète encore une fois et oui !), en passant par le très solennel All that you have is your soul ou le plus enjoué Say Halleluiah, Tracy Chapman a le don de chuchoter sa haine et sa rancoeur envers notre société, avec la force du rugissement d'une lionne, et la douceur du miaulement d'un chaton.
Enfin un chaton qui a très vite mué car il a du s'adapter à son environnement, un monde sordide, où tout ce qu'il nous reste finalement, c'est notre âme.

22.10.07

All I know is all I know, and I love you...

Simple et élégante, raffinée et subtile, l'Olympia est sans conteste la salle la plus prestigieuse et la plus sensuelle, parmi les salles de concert que la capitale peut nous offrir. Et c'est effectivement de sensualité dont il s'agit, quand vous arrivez sur les lieux. Boulevard des Capucines, tout près de l'Opéra on peut difficilement faire mieux. Le nom de l'artiste écrit avec ces lettres aguichantes, à l'américaine avec cette police particulière et ce rouge lumineux impressionnent, déjà.
Une fois à l'intérieur, un haut couloir feutré vous emmène, des guichets à l'anti-chambre, avant de se diviser malicieusement pour suivre la configuration de la salle, séparée en deux étages. En haut, mezzanine et balcon, en bas, l'orchestre pour environ deux mille chanceux chaque soir. Vous êtes rapidement charmé par cette univers très chaud, à dominante de rouge. Que l'on soit aux premières loges ou au bout du balcon, on y voit magnifiquement bien, on y entend très bien surtout, avec cette acoustique exceptionelle. L'orchestre et sa moquette flottante sont prêts à vous faire chavirer au rythme de l'artiste. Alors quand ce dernier débarque sur scène accompagné de son batteur et de son contre-bassiste, sur fond de Nina Simone (quelle transition mes amis ! cf. A family affair - two sisters and a new generation) avec une salle illuminée de mille feux roses, vous tombez forcément amoureux (le même rose que lors d'un Sexual healing un soir de France-Espagne, je ne vous en dit pas plus pour l'instant).
C'est donc devant un public acquis à sa cause que The John Butler Trio entre en scène. Six mois après les avoir quitté au Grand Rex, je suis prêt à m'en remettre lein les oreilles. Amateurs de guitare acoustique, suivez moi ! Et la barre est placée très haut dès le début, avec un petit Used to get high pour introduire le nouvel album (enfin le dernier, nouveau du début de l'année), Grand National, une pure merveille et surement le meilleur que le groupe ait jamais sorti. Comme sur les autres albums, chaque chanson a un sens très marqué ou très engagé.
Par ici, une chanson dédicacée à sa femme, Daniella, par là une chanson pour sa fille, Caroline, on retrouve toujours un des thèmes chers à John : sa famille et sa planète, la Terre (et la vôtre aussi, n'oubliez pas...). Et oui, le monsieur est un écologiste très concerné qui joue de temps à autre de la guitare en haut des séquoias pour éviter leur abattage. Sur cet album il y a également le très fort Gov' did nothing, véritable diatribe contre le président Bush et son manque de réactivité face aux dégats engendrés par Katrina.
En plus de nous jouer la presque intégralité de ce magnifique opus, John Butler est un sacré volubile. Ca tombe bien, il sait de quoi il parle. Il nous explique ainsi comment pour lui le mariage était inconcevable, et que le jour où il a vu Daniella, il a trouvé non seulement sa femme mais sa plus grande complice et donc désormais sa seule angoisse est de la perdre. Puis il nous a joué Losing You. Mais je ne l'ai pas sous la main, du coup je vous fais écouter Peaches & Cream, un hymne a ses deux amours, sa fille et sa femme :

A la limite, il n'a même pas besoin de nous expliquer, le message passe tellement bien dans sa musique, le rythme, les paroles, la mélodie. Tout est bien orchestré, on a l'impression de lire dans ses pensées à chaque chanson, et quand on en arrive à une telle osmose avec l'artiste, on sait qu'on commence à aimer vraiment !
Si Ben Harper est l'homme au mille et une guitares (oui, il adore en changer en plein concert) alors John Butler est l'homme qui vallait trois milliards de guitares ! Je vous fait le topo : une 12 cordes, une folk 6 cordes, une weissenborn (présentation bientôt sur vos écrans...de pc), une dobro, un banjo, un ukulélé et je crois qu'on y est (on aura aussi vu une lap slide sur Peaches & Cream et une Angel, un peu avant, sorte de guitare miniature).
On arrive doucement vers la fin du concert (ça fait quand même bien plus de deux heures qu'ils jouent) et John se lance dans une instrumentale époustouflante qui dure facilement 15 minutes..L'artiste est tellement dans un état transcendantale, qu'on en serait presque gêné d'être là, comme si c'était devenu trop intime, qu'on était au bout de son âme.
On aura également le droit à un long solo à la contre-basse (c'est étrange mais qu'est-ce que c'est bon !) et un solo batterie (avec les trois musiciens en même temps). Ils ne veulent plus quitter la scène, on veut qu'ils restent à tout jamais, une soirée extraordinaire. A côté le concert du Grand Rex était une répétition.
A noter toute de même la grosse frustration du début de concert, celle d'avoir rater Kaki King, son dernier morceau était exceptionnel (c'est déjà ça de gagné, je ne l'ai pas loupé celui là). Une frustration semblable, toutes proportions gardées, à celle qu'ont du ressentir les gens venu voir Johnny à l'Olympia en 1966 : "Mince les gars, on a raté Jimi Hendrix, on m'a dit que ça balançait pas mal..." Enfin ce fut vite oublié après cette soirée géniale, et puis ça m'apprendra à rater systématiquement les premières parties, où en général, on s'ennuie vite. Avant la demoiselle, j'étais resté sur la première partie de Chuck Berry où je n'avais jamais vu quelqu'un se faire huer et insulter de la sorte donc forcément, après, on est un peu vacciné.
Bon je n'en dis pas plus et je vous fait découvrir la miss. Quant à John Butler, il avait un full aux dames accordées dans sa manche alors que je m'attendais à un brelan de rois, bluffé !


11.10.07

A family affair - Two sisters and a new generation

Cette musique pouvait donc prendre tour à tour la forme d’une déclaration d’amour passionnée, d’une ode à la sensualité et au plaisir, d’un appel désespéré ou d’un cri de rage revendicateur, ce qui fit qu'elle souffra dès son plus jeune âge d'un sérieux trouble de la personnalité.
Deux courants allaient se dégager: d'un côté la southern soul au son très léché, plus proche du blues, plus "roots"; de l'autre, la nothern soul, plus proche de la pop, plus enjouée, plus urbaine aussi. L'industrie de la musique allait en profiter pour connaître un boum sans précédent. Un combat sans merci allait avoir lieu sous les yeux et dans les oreilles du peuple américain.
A ma droite, 250 décibels de musique soul, des fondateurs frères et soeurs, Estelle Axton et Jim Stewart, ayant signé des artistes comme Eddie Floyd, Isaac Hayes ou encore Otis Redding, ils viennent de Memphis dans le Tennessee, ils aiment la musique, il aiment la southern soul, j'ai nommé...Stax !
A ma gauche le challenger, 300 kilos de barback (non, non, ce n'est pas le label rouge !), ce label nous vient tout droit de Détroit dans le Michigan, son créateur, Berry Gordy a à sa botte un groupe de chanteurs aux partitions acérées et aux voix tailleés pour la nothern soul, des gars comme Marvin Gaye, Stevie Wonder, The Jackson Five ou encore les misses Diana Ross, Nina Simone et Aretha Franklin, donnez tout ce que vous avez pour...Moooooootown !
Bon, certes, il n'y a pas vraiment eu de combat tellement chaque chanson qui sortait de chez Motown était destinée à devenir un tube. Ce label existe encore aujourd'hui dans sa forme originelle alors que Stax a déposé le bilan en 1975 après...18 ans d'activité (toutefois, après 30 ans d'errance et de rachats successifs , le label a refait surface au début des années 1990). La mort d'Eddie Floyd et celle de Martin Luther King Junior à Memphis, cette dernière jetant le discrédit sur la ville et créant un climat tendu entre les musiciens blancs et noirs , avaient précipité la chute inévitable de l'entreprise.
Mais dans un sens, qu'aurait été la musique soul sans Stax ? Il n'y aurait peut être pas eu de Sitting in the Dock of the Bay et encore moins de Wilson Pickett, ou peut être une bande orginale de Shaft beaucoup moins funky. Motown se serait ennuyé ferme sans concurrence. Mais surtout il n'y aurait pas eu de WattStax, le Woodstock noir, comme ils l'appelaient. En 1972, le label avait organisé un concert géant avec tous ses artistes au Watts Stadium de Los Angeles à la mémoire des émeutes noires de 1965 (six jours de violences après une altercation avec des policiers dans le quartier de Watts, 35 morts, 1100 blessés et une vague de révolte dans tout le pays). Sautons donc sur l'occasion pour aller voir le film du même nom (que le concert) qui sort la semaine prochaine au cinéma (si ça c'est pas un blog à la pointe de l'info) !
La soul traversera deux décénnies sans accros tout en inspirant d'autres sonorités cousines qui vont à leur tour graver un sillon sur le grand vinyl de la Musique : la funk du grand James (tout se recoupe les amis, tout se recoupe!) qui a suivi la soul de près tout au long des années soixante-dix ou encore la nu-soul bien plus récente, avec des artistes comme Angie Stone (qui a signé chez Stax cette année d'ailleurs) ou la diva Nu Soul Alicia Keys (nouvel album dans un mois !)
Petite précision, la Nu Soul est un authentique courant actuel (à ne pas confondre avec l'envahissant RnB et son bling-bling/paillettes/bimbo), pas un quelconque patronyme inventé par je ne sais quel journaliste un soir de déprime. Le Nu de Nu soul est logique dans la mesure où cette musique intègre les recettes et l'héritage de la Soul d'hier et les techniques de production d'aujourd'hui. Les mêmes ingrédients sont gardés : l'âme est toujours là, les voix inspirées, les thèmes abordés et principalement l'amour, des formats de chansons populaires.
Voici donc un aperçu de cette grande famille et comme on a pu le voir, ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants !
Refermons ce joli chapitre avec le pionnier et la belle héritière...



8.10.07

A family affair - Beginings

Voyageons, une fois n'est pas coutume, à travers les âges pour vous conter la belle histoire de la musique de l'âme, la soul. En effet cette musique possède un arbre généalogique passionnant, dont le premier ascendant est son arrière grand-père, le negro-spiritual.
L'histoire tragique de cette musique débute dans les grandes exploitations aux Etats-Unis au XVIIe siècle, où les esclaves africains, qui ont été interdits de parler entre eux, cherchent à rythmer les tâches pénibles auxquelles ils sont assignés, et à expier leurs souffrances intenables pour tenter de survivre dans ce monde inconnu. Ils chantent alors à capella, en utilisant des phrases courtes, coupées sur le vif, cinglantes. Ces work songs s'échappent de leurs bouches comme autant de déchirures, de cris de douleurs, mais dégagent également un incroyable souffle d'espoir.
Au fil des décénnies, les negro-spirituals, mélanges de musiques africaines et de spiritualité chrétienne, laissent une place de plus en plus prépondérante aux évangiles pour aboutir, après l'abolition de l'esclavage (qui prit alors une forme différente, toute aussi révoltante, celle de la ségrégation), au gospel. Littéralement la "bonne parole" (Good spelle), cette musique prend racine dans ce terreau immonde qu'est l'Amérique raciste du début du XXe siècle. Historiquement, elle fait beaucoup plus référence à Jésus Christ et aux apôtres (les Evangiles) qu'à l'Ancien Testament comme pouvaient le faire les negro-spirituals. La libération du peuple élu par Moïse (Go down Moses, que vous avez du démarrer, ô vous, lecteur attentif) laisse place à la magnificence du Christ et ces jours joyeux où il absolvait tous les pêchés du monde :

...Euh, oups je me suis trompé, pardon, cette fois-ci c'est la bonne :

Cette musique religieuse et urbanisée qui trouve ses adeptes dans les Etats du Nord, ex-unionistes, contraste avec la musique du Diable pratiquée par les afro-américains restés dans les pays plus ségrégationnistes, le Blues. Le Blues, comme cette note "bleue" impalpable, inatteignable qui rendrait fou n'importe quel musicien qui tente de la jouer pour obtenir cette sonorité si particulière, qui permettait aux bluesmens d'évoquer leurs rêves et cette dure liberté qui était leur quotidien, mais aussi leurs révoltes et leurs aspirations. A ce sujet, je vous invite à faire un tour sur mon premier article qui traite du Diable en personne, Robert Johnson...oh et puis on ne vit qu'une fois :

Quelle belle famille ! Ces heureux parents donc, madame Gospel et mister Blues donnèrent naissance à deux beaux bébés au sortir de la Seconde Guerre mondiale. L'un d'eux, beaucoup plus teigneux et joyeux que son papa, prit le nom de Rhytm & Blues et sa jolie petite soeur se prénomma Soul.
Je vous laisse avec Marvin Gaye, pour qu'il vous raconte à sa manière un extrait du prochain épisode, où l'on peut voir (et entendre, c'est ça la magie de la vidéo) que la Soul a déjà bien grandi...

4.10.07

Et le condor passa...


Ahh les années 60...Qui n'a pas un jour rêvé de se lever le matin et, en allumant la radio (ou plutôt la TSF) découvrir les Beatles ou Jimi Hendrix en direct live, sans intermédiaire (oui moi aussi j'ai découvert les quatres garçons de Liverpool sur les vinyls de mes parents) ?
"Tiens, ce petit groupe a du coffre en fait, ça se retient bien ce Let it Be..." Enfin, arrêtons les anachronismes, et penchons nous quelques minutes sur cette décennie musicale foisonnante: les sixties.
Les Sixties. Ca sonne comme un nom de friandises. "Tenez les enfants, prenez ces quelques sous, et allez vous acheter des sixties..." Années sucrées et douces à la fois, pétillantes et acides en même temps.
Le contraste entre cette période et notre époque est saisissant. Maintenant, fini les bonbons, on est plus à l'époque de la chanson réchauffée au micro-onde. Aujourd'hui, on crée un nouveau courant musical dès lors qu'on sort un nouveau CD (tiens mais cette musique, on dirait de la pop'n'funk fusion hip-hop transgoa, c'est nouveau ?), comme si on avait besoin de lui mettre une étiquette et l'artiste le besoin de la décoller. Alors qu'à contrario, en 1960, les différents styles de musique se battent en duel, presque en un contre un, dérivant peu ou proue du rock'n'roll des fifties, la musique du faux black à la banane impeccable, j'ai nommé le King. Parmi ces quelques courants musicaux, on y trouvait la musique folk.
Pour faire de la folk, il ne suffit pas de jouer de la guitare folk (quoique c'est ce que font les deux trublions mis en lumière dans cet article), mais avant tout d'être populaire. Et oui, la musique folk est l'ancêtre de notre pop ! A l'époque ce courant avait bien meilleure presse qu'aujourd'hui, où elle est désormais synonyme de musique commerciale, vidée de son sens premier, créée uniquement pour faire vendre (enfin, en même temps, les requins de l'industrie musicale ne datent pas d'hier non plus, vous allez me dire). Et à ce petit jeu là, deux jeunes new-yorkais de la génération dorée, celle des Dylan et des Joplin, se montrent particulièrement doués.
Nous sommes en 1963, et après plusieurs années de galères, ce duo qui deviendra mythique sort son premier album après sept ans de vie musicale commune (et déjà une séparation...suivie d’un rabibochage dans le studio, comme on dit).
Véritables Starsky & Hutch de la musique, l'un ne va pas sans l'autre. A chaque fois que Paul Simon quitte Art Garfunkel (non, non, n'essayez pas de coller une énième étiquette à ce pauvre Art, juste parce qu'il se nomme Gar"funk"el, ça n'a rien à voir !), le succès leur referme ses portes.
On aura rarement trouvé un duo musical dont les membres sont aussi complémentaires. Le petit brun qui joue de la guitare accompagné du grand blond avec un voix d'ange, il fallait y penser. Avec un nombre d'albums qui se compte sur les doigts d'une main (cinq albums en sept ans quand même!) , les deux acolytes ont su véritablement surfer sur le tsunami musical qui allait ébranler leur époque.
Chaque sortie d'album après leur révélation au monde, fut accompagnée d'une pluie de récompenses et d'éloges. En 1967, bande originale de The Graduate, grammy pour Mrs .Robinson. L'année 1970 voit arriver Bridge Over Troubled Water, leur dernier album, contenant les Cecilia et autres El Condor Pasa, encore une pluie de grammies.
Cette musique gentillette qui reste dans toutes les têtes, et toujours chantée sans fausse note, sonne comme la bande originale des sixties. Ca et All Along The Watchtower (chanson dont je vous laisse chercher l'auteur...) me jette en pleine figure tous les symboles de cette intrigante et fabuleuse époque: les hippies, les fleurs dans les cheveux, les mouvements contestataires, Woodstock, le premier homme sur la lune. La musique a ça de fascinant, elle est capable de capturer une époque en quelques notes.
Simon & Garfunkel ne sont rien d'autre finalement que quelques fous vulcanologues qui tentèrent de s'approcher de trop près d'un volcan en pleine explosion, l'Amérique des années 60, pour en récolter les quelques gouttes de lave qui allaient figer l'Histoire à tout jamais.