Ce soir là, dans
Voici l'histoire telle que tout le monde la connaît. Les rivalités Est-Ouest des gangs américains ont gagné le milieu du hip-hop et ont fini par coûter la vie à Tupac, appartenant au label angélique Death Row, et celle de Notorious B.I.G., signé sur le label new yorkais Bad Boys n'allant pas tarder à finir prématurément également. Ce que l'on sait beaucoup moins, c'est que l'ami de Snoop Dogg, dont vous avez tous au moins mimé une fois le signe distinctif, qui se veut représenter
Comment tout a-t-il dégénéré ? Comment cet homme, natif new yorkais est devenu le représentant de la West Coast ? Pourquoi cela a-t-il engendré tant de haine (je sens que je vais encore avoir le droit à un "mais quelle naïveté") ?
Au milieu des années 80, Reegan et sa main de fer sévissaient sur le Nouveau Monde et Maradonna essayait de révinventer le football. C'étaient les débuts du disque compact, et l'apparition du Hip-Hop aux Etats-Unis, Biggie et Tupac étaient alors deux jeunes adolescents, et flanaient le coeur en joie dans les rues ensoleillées de New York (quoi ? comment ça, ça s'est pas passé comme ça ?).
Peu après son déménagement à Oakland, les textes de Tupac commencent à se faire connaître dira-t-on d'un doux euphémisme, avec l'album 2Pacalypse Now et celui qui se faisait appeler MC New York dans le Maryland, était fin prêt à ebranler l’Amérique. Il n'hésitait pas à faire monter son ami Notorious B.I.G. sur scène ,comme l'atteste cette archive classée secret défense que l'INA m'a permis de diffuser non sans avoir acquis certaines accréditations.
Oui mais voilà, tout n'est pas rose au paradis et les choses vont vite se dégrader.
Au début de l'année suivante, Tupac Shakur est reconnu coupable d'agression sexuelle sur une fan avec deux de ses compères. Il est condamné à quatre ans et demi de prison (il aurait du y rester ! Comme ça il serait sorti en vie en 1997 ! Enfin rien n’est moins sûr…). Le lendemain du verdict, il se fait tirer dessus alors qu'il se trouve dans un studio d'enregistrement à New York, juste avant de servir sa peine.Alors que Tupac vit des déboires à n'en plus finir, Biggie va sortir son premier album,Ready to Die en 1994.
C'est à cet instant précis que tout va basculer (stop, arrêt sur image!).
Tupac en prison, ronge son frein. Son ami de toujours dont il est persuadé qu'il a quelque chose à voir avec sa tentative de meutre à New York (le commanditaire serait un certain Stretch Walker de son ancien groupe, Live Squad, qui s'apprêtait à partir chez Bad Boys Records et qui fut assassiné un an jour pour jour après la mort de Tupac), vend des disques qui ressemblent aux siens, rappe sur la vie de 2Pac, utilise ses rimes...il gagne son fric et veut le faire descendre (sympa l'ami, non ?) !
Peu après, la sortie de prison de Tupac est monayée par Suge Knight l'emblématique patron de Death Row Records (un mec qui fait tellement peur que Dr Dre en personne se fera faire un décret d'éloignement pour que Suge n'ait pas le droit de l'approcher !).
Ce passage en prison a coïncidé avec une crise de violence chez Tupac et alors qu'il n'avait jamais été jusque-là proche des gangs, il est devenu très lié à celui des Mob Piru Bloods (à Los Angeles, il y a deux gangs, les Crips et les Bloods, qui sont à la tête de plusieurs centaines d'autres gangs). On est bien loin de l'image d'un jeune homme plein de charisme, d'ambition et d'humour, déterminé à sortir d'une enfance difficile et qui, bien loin de l'image de la violence et des gangs, était un assidu des cours de comédie et de poésie.
La suite tout le monde la connaît, Tupac est asssassiné, puis Notorious B.I.G. subit le même sort un an plus tard. A ce jour, aucun des deux meurtres n'est élucidé. Guerre de gangs ? Producteur mégalo ? (Suge Knight aurait supprimé Tupac, parce qu'on parle toujours au conditionnel dans cette histoire, car il lui devait plus de 17 millions de dollars de royalties et que ce dernier voulait faire carrière au cinéma). On ne le saura jamais, mais une chose est sûre, le LAPD, dont bon nombre de flics ripoux étaient proches de Suge, s’est fait un plaisir de bâcler l'affaire.
Le charismatique 2Pac Shakur , génie du flow et des textes précis et percutant est parti un peu vite et on parle encore dix ans après. Lui qui s’était destiné à une magnifique carrière artistique aura finalement eu son heure de gloire. Dommage qu’il n’en ait profité que quelques minutes. Avec lui c’est la plus grande époque du hip-hop qui s’en est allé. Et au vu de ce que nous réservent les années 2000 dans le domaine, on pensera bibliquement que le hip-hop va pleurer son roi, pendant encore des siècles et des siècles, et des siècles et des siècles…