26.9.07

Red Hot Chilli Peppers - One Hot Minute


A la question "Quel est le meilleur album des Red Hot Chilli Peppers ?", j'entends souvent les gens répondre : "Blood Sugar Sex Magik, bien sûuuur", voire même certains écoliers me crier avec leur voix pré-pubère : "Californication, monsieur !"
Et à entendre ces deux sons de cloches assez différents (et ce n'est pas juste une question de tonalité...) je ne pourrais que les approuver en leur disant que ce sont les albums les mieux vendus, et que de toute façon tous les goûts sont dans la nature ,et caetera. Mais comme moi aussi je parle le djeuns, j'ai envie de leur dire "retourne écouter tes skeuds, mec".
En effet, on oublie trop souvent, que 4 ans après l'album qui va vraiment les faire découvrir au monde (leur cinquième album !), Anthony Kiedis et ses compères vont nous livrer un album controversé, éclectique et précurseur qui répond au doux nom de One Hot Minute.
Encore aujourd'hui cet album reste un mystère, d'où sort cet album qui ne ressemble à aucun autre ? Pourquoi n'est il plus joué en live ? Essayons donc de lever le voile sur cette énigme à propos d'un CD que tout le monde semble avoir oublié.
Au début des années 90, Les Piments Rouges surfent sur le succès, enfin, après plusieurs années d'errance, en sortant un opus qui contient entre autres leurs titres devenus mythiques, Under The Bridge, Give it Away et Suck My Kiss.
John Frusciante, le guitariste, frustré par tant de célébrité soudaine et semblant prendre la même pente glissante que le chanteur du groupe qui fait leurs premières parties (un certain Kurt C. ou K.Cobain, mais il souhaite garder son anonymat...), mit les voiles en pleine tournée en passant directement par la case "Rehab" (comme cette chère Amy Winhouse et oui !).
Le groupe recruta donc Dave Navarro qui jouait dans le groupe Jane's Addiction (groupe métalo-heavy qui ne ressemble à peu près à rien) et se mit à l'écriture. Il en ressortit quelques mois plus tard ce chef-d'oeuvre (rien que ça).
Un mélange de punk et de funk hyper acidulé, frisant avec le hard rock, servi bouillant avec quelques ballades pour rafraîchir l'ensemble. Chaque titre est le complémentaire d'un autre, chaque chanson a une originalité qui lui est propre.
Pea, chanté et joué par Flea (en toute objectivité le meilleur bassiste du monde, pour la guitare on ne sait pas trop, peut être Jimi Hendrix, mais pour la basse on sait) est d'une justesse malicieuse, les explosifs One Big Mob et Coffee Shop (sans doute le meilleur album de Chad Smith, le batteur) répondent aux calmes Falling into Grace et Tearjerker. Les deux funky Aeroplane et WalkAbout sont dans la tradition du groupe. Et pour finir, il y a cette chanson, que tout le monde a jouée ou freudonnée au moins une fois, le magnifique My Friends.
Cet album est tout simplement ce qu'il manque aux Red Hot d'aujourd'hui. Plus de délire, plus d'impro, plus de risque ! Stadium Arcadium est sympa, Californication est énorme, mais ils ne sont plus jamais sortis de leur son, et sur le dernier, beaucoup de chansons se ressemblent.
Avec Mr Frusciante qui fait sa diva (oui, monsieur ne veut pas jouer cet album parce qu'il n'y a pas participé) et un dernier concert au Parc des Princes qui n'était vraiment pas à la hauteur de leurs habituelles performances, on commence à comprendre pourquoi les amis de ce cher Anthony sont si déprimés : My Friends are so depressed...I feel the question of your loneliness..


24.9.07

Xav' The World !


Reconnectons nous à la réalité, après cette petite semaine de vacances complètement folle, en vous narrant la très (très, très) bonne soirée de mardi dernier, qui commença par un petit coup de fil :
" - Allo, Hugues ? J'suis arrivé, tu es où ? Je suis chaud bouillant, bonhomme !"
" - Salut Lolo, désolé mais tu vas devoir te débrouiller tout seul ce soir, parce que je crois qu'on m'a volé ma caisse ! En tout cas elle n'est plus là où je l'avais laissée !"
C'est donc en mode "Lolo contre le reste du monde" (mon habit de Jack Bauer toujours à portée de main) que je débarquai en plein milieu de Bruxelles, alone in the dark, bien décidé à ne pas rater l'événement qui m'a fait acheter un aller-retour pour la soirée, le concert de Xavier Rudd à l'Ancienne Belgique Box.
Fût-ce là mon premier concert en solo ? J'ai bien peur que non. Lors d'une froide soirée de décembre 2003, le sort avait voulu que je me retrouve tout seul à un concert de Mariah Carey (oui, oui, vous avez bien lu). Tout le monde fait des erreurs, mais celle-ci va sûrement me coûter le peu de lecteurs qu'il y a sur ce blog. C'est malgré tout avec plaisir que je continue mon histoire pour toi, cher internaute égaré par une recherche mal construite.
Après avoir sauté à motié par hasard dans un tram', me voilà donc devant la salle, place de la Bourse, en plein centre de cette magnifique ville belge, qui se rappelait à mes bons souvenirs. Je me faufile entre les traditionnels chercheurs de places, je rentre et hop me voici pile à l'heure, devant la scène, dans une salle étoilée des murs au plafond, un peu plus petite que la fosse de l'Olympia, en totale synchro avec notre artiste de ce soir, qui venait juste de poser ses mains sur sa guitare.
L'artiste en question est donc Xavier Rudd, véritable homme-orchestre du XXIe siècle, connu aussi sous le nom de "Mr Peace" (en effet, à côté de lui, Jack Johnson est un nevrosé). Certains artistes jouent de la guitare et de l'haromica en chantant, d'autres mélangent le piano et le tambour. Xavier Rudd, lui, joue de la guitare(slide, folk et électrique), du dijéridou (trois modèles différents à chaque concert), de la batterie, des percus (non ce n'est pas fini), de l'harmonica et il chante en plus !
C'est au beau milieu de cette artillerie musicale, qu'il se place en entrant sur scène, cheveux et barbe hirsutes dépassant à peine de ce véritable édifice. Le drapeau aborigène étendu sur sa gauche nous prévient d'entrer du périple qui nous attend, fermons notre poche ventrale et préparons nous à voyager à travers le continent australien, en bondissant de merveilles en merveilles tel un "kangaroo" , ébloui par la beauté de la nature, vierge et éclatante.
Tantôt jaune comme le soleil océanien, tantôt bleuté comme la nuit canberrienne, les jeux de lumière se marient à merveille avec l'ambiance qui règne ce soir, rythmée par les percussions et les cris de ces instruments ancestraux, en forme de grandes pailles qu'on nomme les dijéridous. Tiens, la salle s'illumine d'un vert châtoyant sur ce ciel étoilé, je viens de voir ma première aurore boréale.
Le public rigole avec l'artiste, de blague en blague, de chanson en chanson, de Fortune Teller jusqu'au joyeux Messages, en passant par l'hymnesque Let Me Be. Xavier Rudd nous en donne d'ailleurs une version extra-terrestre de quinze minutes, prolongée par le public pendant une éternité, la pendule semblant s'être arretée, alors que, l'artiste, lui, l'était vraiment, subjugé par cette foule qui, depuis cinq minutes, faisait son propre concert !
Tout le nouvel album y passe en plus des classiques , et quel album les enfants. Il touche à tout, pouvant jouer simultanément de la gratte, du dijéridou et des percus ! Et quel souffle incroyable, jouer d'un si grand instrument à vent pendant parfois vingt minutes d'affilée...sur un show marathonien de 2H30!


Epoustouflant. Je ressors de là complètement bluffé, tout y était réuni : le contexte, l'ambiance, la qualité de l'artiste mais surtout la sincérité de l'homme. C'est donc ravi et un poster en main (souvenir oblige) que j'allais déguster avec Hugues et sa charmante demoiselle, une poignée des
meilleures frites du monde, après être passé dire bonjour à un autre ami, ce cher Florent (comme quoi finalement, je connaissais un peu de monde sur place, dommage que cet ebayeur que je chéris maintenant n'avait qu'une place à vendre).
Mais je n'étais pas au bout de mes surprises. En effet, sur le chemin du retour, nous tombâmes (et bam!) nez à nez avec le héros du jour, Mister Xavier "Peace and Love" Rudd.
"Allez Lolo fonce tu vas le regretter toute ta vie sinon".
Sous les recommendations d'Hélène, c'est le pas mal assuré que je m'avançais donc pour taper la discute avec ce cher Xavier Rudd, d'une incroyable disponibilité, qui avait l'air de connaître comme des amis d'enfance tous les quidams qui attendaient là depuis la fin du concert pour partager une once de son univers.
Bon d'accord, j'aurais voulu lui poser mille questions, et, rattrapé par l'evenement je lui ai ressorti le vieux disque rayé du groupie de base "it's was so amazing, what a wonderful show", j'en passe et des meilleures. Mais j'ai quand même réussi à lui glisser mes impressions du soir : "your show is like traveling through Australia, it's so beautiful" (bon d'accord je n'y ai jamais mis les pieds mais c'est pour bientôt j'espère).
Sourire bloqué et poster signé, je m'enfonçais dans la brume brusseloise, accompagné de mes hôtes (dont la voiture était en fait à la fourrière) , avec l'impression d'une soirée bien remplie.
Mince, je crois que je suis encore "fan de".

15.9.07

Where is my mind ?


Certains étudiants ont souvent une grosse peur de la page blanche, à plus forte raison dans les milieux littéraires (en maths en général, quand on ne sait pas, on ne sait pas). Chez les musiciens, la plus grande hantise, ce serait plûtot le deuxième l'album. Comment faire mieux que l'album qui vous a fait connaître et exposé aux yeux de tous ?
Pour y remédier, certains artistes n'ont pas froid aux yeux. Ils ont envie de toucher à tout, de tester, de ressayer, de changer de ton, voire même de changer de musique, et c'est assez souvent la catastrophe, à la manière des acteurs qui se mettent à chanter, où les chanteuses qui se mettent à jouer (mais non, je ne vise personne là...).
D'autres y arrivent à merveille. Ils commencent avec du rock, passent à la pop, jouent des balades soul, (ce que ces mêmes étudiants appelleraient des "slows" d'ailleurs, enfin des collègiens...), tout en gardant une toile de fond, une identité.
Lenny Kravitz est de la graine de ceux-là. De ceux qui, un matin, ont envie de jouer un rock psychédélique à la Hendrix (Are you Gonna Go My Way), et le lendemain, se prennent à jouer une petite soul sucrée des familles (It ain't over 'til it's over). On pourrait penser que ces deux titres phares se trouvent sur son premier album, celui qui l'a fait découvrir au monde, et bien détrompez vous, Lenny sort des hits à chaque nouvel opus ! On trouvait déjà Let Love Rule sur le premier ainsi que Mr Cab Driver, il enchaîne avec Always On the Run et Stand By my Woman, sur Mama Said (1991) puis vient Are You gonna Go my Way sur l'album du même nom en 1993. S'ensuit le très groovy Rock'n'Roll is Dead sur Circus en 1995, que des titres je vous dis ! On citera enfin American Woman et I Belong to you, tous deux sorties en 1998, sur Five.
Et la je vous entends déjà me dire :" C'est bien joli tout ça mais t'as oublié Baptism, le dernier, c'est quoi c'te daube ?"
Et je répondrais que je vous trouve un peu dur, là. Certes, c'est un peu du déjà vu (et quelle horrible couverture, je vous en fais grâce). Mais il y a malgré tout, dessus, le très bon When are we running. A croire que la plus grosse crainte du musicien est finalement comment survivre après son best of. Bon, qu'on se rassure le rocker new-yorkais nous prépare une révolution d'amour pour l'année prochaine (It's time for a love revolution, février 2008), mais on est quand même en droit de se poser la question suivante : Où es-tu passé Lenny ?


14.9.07

Hope that Otis's reading...


San Francisco, ville trépidante du nord de la Californie, renferme plusieurs pépites qui lui sont si caractéristiques. Quand vous montez dans ces rues, vous sentez la chaleur du volcan éteint qui jadis explosait de toute sa force et fit l'histoire de la faille de San Andreas. Vous êtes harassé par la pente vertigineuse de ces routes, qui vous emmènent indubitablement vers Twin Peaks et son panorama de 360°. Fatigué, vous prenez un cable-car qui vous emmène et qui grimpe, jusqu'on ne sait trop où, au paradis, sûrement.
Après quelques tours et détours, de la Lombard Street, jusqu'aux maisons victoriennes, vous décidez de profiter du vent et du soleil, plus proche de la mer, vous arrivez devant le Golden Gate Bridge, majestueux, d'un rouge profond et brûlant. Puis vous flanez sur le long de la côte, sur les ports. Vous décidez de vous arreter, face à la mer, Alcatraz, en ligne de mire.
Vous êtes assis sur le port de la baie de San Francisco , et vous restez la toute la journée (sittin in the morning sun, i'll be sitting when the evening comes), à penser à la vie, votre solitude vous étreint, elle est là, seule, à vous tenir compagnie. Le vent souffle et rafraîchit sur vos joues, brûlées par le soleil californien, et vous pouvez laisser libre court à vos rêveries, en regardant les vagues (watching the ships roll in) en écoutant les vagues, même.
Otis Redding pourrait nous emmener n'importe où on le suivrait les yeux fermés. On sent tout l'esprit de la musique soul transparaître de ses textes, avec cette voix unique, aux confulents du rhythm and blues et du gospel. Cette chanson m'évoque une jolie tristesse, fleurtant avec la mélancolie. Ce texte est d'autant plus triste qu'il s'agit de la dernière chanson qu'a enregistré Otis Redding en décembre 1967 juste avant, dit-on maintenant, que sa carrière ne prenne un virage "pop". Quelques jours avant que son avion, lui aussi, ne prenne tragiquement un mauvais virage, au dessus du lac Wisconsin, et nous laisse orphelin d'une des plus belles voix américaines du XXe siècle.

13.9.07

Movin' to the country, gonna eat a lot of peaches...


Grungy ! Et non, comme vous le savez surement Kurt et sa bande n'étaient pas les seuls à faire du grunge, loin s'en faut. Ce genre musical du début des années 90 englobe en fait tout ce qui ressemblait à du rock énergique, et dont les textes symbolisaient la morosité des jeunes américains en cette fin de deuxième millénaire.
Mais parmi les rockeurs énergiques de l'époque, certains ont réussi à se frayer un chemin jusqu'aux années 2000 ( ceux dont je parle ont sorti leur dernier album, Love Everybody, en 2005) sûrement grâce à leur loufoquerie et leur esprit fun éléctrique ! Vous les avez reconnus, je les ressors du grenier pour vous, il s'agit bien évidemment des Presidents of the United States Of America !
En 1995, en pleine époque post-grunge, trois jeunes musiciens complètement déjantés débarquent avec un album survolté qui va réveiller tous les gamins dépressifs d'Outre-Atlantique, endormis dans leur garage à essayer de recracher trois pauvres accords de Nirvana. Bam ! L'hymne planétaire Lump débarque dans les chaumières et fait dresser les cheveux des parents de ces petits jeunes qui retrouvent peu à peu leurs couleurs. La chanson leur donne le choix, soit ils viennent se bouger avec le groupe et sauter dans tous les sens, soit ils restent "lump" et ils font leurs grosses feignasses comme une des groupies de P.U.S.A. dont le chanteur Chris Barrew , se demande si elle n'est pas morte maintenant (she's lump, she's lump, she might be dead) depuis qu'elle ne tourne plus avec eux pour faire la fête.
Voilà donc un hymne au "partying" qui n'a pas pris une ride depuis... à peine douze ans qu'il tourne sur toutes les radios du monde. Leur album éponyme dont Lump est issu est un savant mélange de ballades absurdes et de rock sauvage, un régal.
Et tout ça avec une guitare à trois cordes et une basse à deux cordes ! Chaud devant !
Celle au saumon, ma préférée, Dune Buggy :



Un saumon avec son coulis de pêche, je n'ai pas pu résister !


12.9.07

Dessine moi une slide - Chapitre un

Aujourd'hui dans Dessine moi une slide, petite suite de chapitres dont l'objet est de vous faire découvrir le monde du slide, parlons un peu des guitares à résonateurs. Mais en premier, partons du début et posons nous les vraies questions : "slide" ça veut dire quoi ?
Slider (prononcez "slailleder"), c'est un peu comme rider (prononcez "railleder") dans l'univers de la rue. Il y a les gens qui marchent et puis il y a ceux qui rident avec des rollers, des skates enfin n'importe quoi à partir du moment où ça glisse sur le bitume. Et bien en fait, pour les guitares c'est pareil, il y a ceux qui jouent normalement, et il y a ceux qui slident. Mais ça ne fait pas d'eux des gens plus cools pour autant (en fait il y a le bon guitariste et le mauvais guitariste...).
Pour jouer de la slide il faut soit un bottleneck (qui ressemble à s'y méprendre à un goulot de bouteille) , soit un tone bar, objet un peu différent , plein et de forme trapézoïdale, si l'on peut s'exprimer ainsi. On peut même utiliser une cuillère qu'on tient dans sa bouche. Mais là, il faut être sacrément balaise !
La preuve en images animées et avec du son, s'il vous plaît :



Pour le coup, slider semble vraiment être un monde parallèle...Mais qu'est-ce donc qu'une guitare pour faire du slide ?
En fait en théorie n'importe quelle guitare peut être utilisée à ces fins pourvu qu'on réhausse les cordes. Sans rentrer dans les détails, on a tendance à appuyer plus sur les cordes au mauvais endroit, ces dernières vont donc frotter le manche. Malgré tout, certaines guitares sont faites exclusivement pour slider (il vous énerve hein ce mot ?). Voici donc une bonne transition, car les guitares à résonateurs n'en font pas partie...effectivement, on peut jouer normalement dessus tout comme on peut y faire glisser un objet métallique quelconque.
Les résonateurs, comme on les appelle, sont donc des grattes tout à fait normales à ceci près qu'on a rajouté dans la caisse, un cône métallique, qui va amplifier naturellement le son, et faire
ce bruit si particulier qui fait qu'on à l'impression que ça résonne là-dessous !
En gros, il y a trois façons de fabriquer une guitare à résonateurs.
On utilise un cône avec une sorte de grille dessus (système spider comme une toile d'araignée, spécialité des Dobro), ou alors on insère trois cônes dans la caisse (système tricone...spécialité des National) ou encore on n'utilise qu'un cône qu'on retourne, face concave vers la rosace (le gros trou dans la caisse), le système biscuit (deuxième spécialité des National).


          Système biscuit          Système spider          Système tricone


Voilà donc un instrument inventé à la fin des années vingt par un certain Beauchamp et l'un des frères Dopeyra (les Do' Bro' comme on les appelait à l'époque, si, si, j'y étais !), avec un son très particulier qui donne chaud au coeur et qui gagne à être connu !
Je vous laisse deviner le modèle en photo, et celui en vidéo.
Vous aurez bien sûr reconnu ce cher Eric Clapton...



11.9.07

Words of wisdom all around, but no one ever seems to listen.


C'est fou comme le monde est petit des fois.
Jack Johnson était près de Brooklyn, il y a 6 ans, de passage chez des amis. Ses "buddies" jouaient au base-ball, ce jeudi après-midi, pendant qu'il faisait du skate avec des gamins, surfant sur les trottoirs (drawing waves on the pavement), comme il sait si bien le faire chez lui, sur les plus grandes vagues du monde. Tous les acteurs de cette scène aperçurent alors des ombres d'avions sur la chaussée ...(shadows of the planes on the pavement). Il était un peu avant 9h.
Dans cette chanson, Jack Johnson joue à "où étiez vous quand ça s'est passé" pour nous offrir une réflexion profonde sur notre monde actuel. Cet événement (et quel évènement...) auquel il a assisté aux premières loges, le fait réfléchir sur la condition humaine et sur le sens que chacun veut donner à sa vie. Il nous interroge à travers ses paroles sur les raisons pour lesquelles l'homme a oublié qu'être né humain est un privilège. Les gens ne creusent pas assez pour savoir pourquoi ils sont là, ensemble. Il se désole qu'ils pensent plus à ce qu'ils seront après la mort, et à vivre en prévision de l'au-dèla, qu'à partager les moments qu'ils passent sur cette Terre (instead they're looking up towards the heavens, with their eyes on the heavens, the shadows on the way to the heavens).
Toutes les chansons sur le 11 septembre ou sur des tragédies humaines en général, insistent plus sur le côté inéluctable de la chose, en disant : voilà, c'est horrible, l'homme est comme ça. La force de Jack est là. Il nous décrit magnifiquement le drame dans son premier couplet et finalement nous explique pourquoi et comment et ce qu'il faut en tirer, en vrai philosophe. Well, how could we have known? I'll tell you its not so hard to tell. If you keep adding stones soon the water will be lost in the well...
C'est du Jack Johnson dans ce qu'il sait faire de meilleur. A la place de s'asseoir avec sa guitare et de nous dire "pauvre de nous" il préfère nous adresser un message d'espoir. Changeons nos habitudes et faisons en sorte que ça ne se reproduise plus. Prenons le temps de vivre au lieu de faire des plans sur la comète (they're talking about their plans on the paper building up from the pavement). Une bonne leçon de vie en somme, chantée et jouée au rythme des rouleaux hawaïens : magnifiques et grandioses avec une force incroyable.

10.9.07

Just like the water...


10 mars 2002, New York City.
Le printemps revenait doucement sur la Grosse Pomme en ce joli mois de mars, après un hiver qu'elle n'était pas prête d'oublier. Ils étaients quelques chanceux à avoir obtenu un billet, amassés au bord de la scène avec une proximité qui rappelle celle du public passionné des grands stades anglais.
Ce soir là, les guitares étaient débranchées et les micros allumés, comme le veut désormais la coutume de cette sacro-sainte émission. Le décor était planté et pouvait désormais faire place à un ange. Un ange qui prit la forme d'une jeune femme s'avançant doucement sur le devant de la scène, sa guitare classique en main.
Je me suis toujours demandé pourquoi jouer avec une guitare classique pendant une session "unplugged" et perdre ce son chaud et ces claquements de cordes que nous donne une guitare folk. Sûrement que les cordes en nylon d'une classique sont plus légères et produisent des notes plus brèves, la pesanteur ne fait plus effet sur elles. Elles sortent directement d'une boîte à musique, cette même boîte qui jouait les sonorités de notre enfance, la musique des souvenirs, vous savez cette suite de petits cliquetis très doux.
Ce soir là, l'ambiance s'y prêtait magnifiquement, l'instrument était bien choisi. En effet, quoi de mieux approprié pour une femme qui venait nous ouvrir son coeur ? Cette jeune native de South-Orange, dans le New Jersey, était présente pour un long moment d'émotion, pour briser son image et montrer toute l'étendue de son talent. Certes elle n'avait plus rien à prouver, ayant eu beaucoup de succès avec son groupe, puis en solitaire, arrivant toujours à grimper à l'étage supérieure, en se remettant sans cesse en question. Mais son image R'n'B, médiatisée, la suivait à la trace. On attendait l'album retravaillé par les plus grands producteurs du métier, des featuring à n'en plus finir, un single qui explose les sommets des charts, une promo béton...
Quand Lauryn Hill est entrée dans les studios de MTV ce soir là, elle avait juste quelques histoires à nous conter, sans prétention aucune. Elle voulait nous parler des dangers du show-business, nous parler de ses quatres enfants, de sa vision du monde. Nous raconter sa vie, ses émotions, calmement, sur quelques notes, quelques accords, sa musique coulant doucement, réchauffée par sa voix embrumée. Avec sincérité, sans artifices. Une fois cette belle histoire chantée du bout des lèvres, elle remercierait son audience, au bord des larmes.
A croire qu'un bon samaritain allait exaucer ses voeux et livrer son coeur au monde entier. Et en revivant cette soirée, quelque soit le support, image, audio ou vidéo, on se dit qu'on aurait tellement voulu être là ce soir, pour profiter de la fraîcheur de ce ruisseau d'eau douce, perdu au beau milieu de la jungle urbaine.


9.9.07

Love carved sorry in his face...

Bon, soyons sérieux, je ne peux pas continuer à faire des articles sur les grands musiciens de ce monde et ne pas parler de Mister Ben Harper. Certes, certains diront que j'ai déjà tout dit sur ce sujet, et qu'ils ont déjà tout entendu de ma bouche, alors permettez moi de persister, et de signer.
Curieusement (peut être que c'est l'artiste qui veut ça), quand on aime le personnage et sa musique, on ne peut pas s'empêcher d'en parler et d'en reparler, je ne suis pas le seul sur cette Terre atteint de cette maladie qu'on pourrait appeler la benharperite aïgue (heureusement d'ailleurs, je commençais à me faire du soucis !). Je pourrais tenir plusieurs sites à jour rien que sur sa manière de jouer, mais tel n'est pas l'objectif d'Une Oreille à la Fois. Appelons ça un gros coup de coeur, alors.
A vrai dire, je commence à savoir exactement ce qui me fait tant aimer ses enchaînements de notes, je vais donc essayer de le transcrire.
Parce qu'en fait, qu'est-ce qui fait qu'on aime ou non un artiste ? Rien, si ce n'est qu'il nous raconte une histoire qui nous touche ou à laquelle on peut s'identifier, ou même juste qu'il répond à un état d'esprit dans lequel nous sommes quand nous écoutons ses chansons. Ou encore, en amateur de musique (et surtout en tant que professionnel), vous sentez qu'il joue les bonnes notes au bon moment avec une technique vocale ou instrumentale très élevée, tout en gardant une touche de créativité et une simplicité à toute épreuve. Et bien, quand vous arrivez à réunir toutes ces conditions pour un seul artiste, vous avez toucher le gros lot.
Je sais bien que certains diront "oui mais moi, je ne suis jamais fan de...", mais il ne s'agit pas de ça, il s'agit d'une passion. Votre passion, ce n'est pas la musique, c'est tout. Certains trouvent leur passion dans la pêche, d'autres dans la mécanique, et moi c'est dans la musique de Ben Harper. Parce que tout simplement, il est créatif, engagé, sa musique laisse une impression de sérénité, il a foi en ce qu'il fait, et il peut jouer un solo de 10 minutes à la slide, et enchaîner avec une chanson sur trois accords.
N'importe quel guitariste débutant peut jouer en une ou deux heures, Walk Away, Another Lonely Day, Forever et Waiting on an Angel, il suffit de connaître les accords de DO, de SOL, et de LA mineur (à vos grattes !). John Lee Hooker, le bouddha du blues comme il l'appelle, lui donna à leur première rencontre, ce conseil précieux : "Si tu veux vraiment devenir un grand guitariste, prends toutes les notes que tu sais jouer et n'utilise que la moitié d'entre elles...A partir de là, on commence à aller quelque part."
Sa manière de jouer avec une grande simplicité et une fervante implication en est presque céleste. Sa musique ne lui appartient même plus, il transmet désormais un héritage, comme en témoigne ses tatouages maoris.
Ben Harper est une vraie machine à voyager dans le temps. Il nous fait naviguer tranquillement sur les grands courants de la musique afro-américaine, pour nous en faire partager les plus beaux morceaux, sans les dénaturer.Il a rencontré les plus grands bluesmen et les plus grands chanteurs de gospel. Il sait jouer du funk autant qu'il sait chanter de la soul. Il prépare un album de reggae avec les Wailers. Son improvisation à la weissenborn rappelle les éclairs de génie du Voodoo Child, Jimi Hendrix. Sa musique est une encyclopédie, on y trouve à chaque fois ce qu'on y cherche, il a réussi à réunir toutes les musiques pour en faire une, la sienne.
Quand j'écoute un album de Ben Harper, j'ai l'impression d'être autour d'un feu, au bout du monde (tiens ça me rappelle quelquechose...) à côté d'un vieil homme (qui n'a que 38 ans !) avec sa canne qui me raconte l'Histoire, à qui je réponds : "Alors c'était comme ça avant...".
Voilà pourquoi, adorant l'histoire et la musique, j'ai naturellement écouté la sienne. De là à en être "fan", il n'y a qu'un pas que je franchis volontiers.

Ben Harper, à propos de The Woman In You : "Style Led Zeppelin avec un riff de Curtis Mayfield et une finale à la Hendrix. J'ai utilisé une Strato de 1957 pour l'intro; elle me permet de réaliser ce genre de gimmicks hendrixiens. J'ai travaillé ma voix pour reproduire une conversation entre un homme et une femme, c'est un vieux truc de bluesman qu'employait Robert Johnson"

8.9.07

C'est du roots man, du roots qu'il nous faut...


En ce début de troisième millénaire, on est en droit de se poser quelques questions sur la tournure musicale que prennent les événements. Je m'explique : sommes nous condamnés à une académie des non-talents et à des musiques amputées de deux ou trois couplets quand elles passent à la radio ? Où sont donc passés nos saltimbanques et nos gentils menestrels ?
Après avoir farfouillé dans mes albums (pas sur mon disque, hein, mes albums), j'ai retrouvé un groupe qui a tenté (et réussi avec brio) de faire le lien entre toutes ces époques, à mi-chemin entre le XVe et le XXIe siècle. Non, non, pas besoin de faire le calcul, ces joyeux lurons sont bien nos contemporains et ils n'ont rien à voir avec le XVIIIe.
Ce duo musical, venu tout droit du quartier Arnaud-Bernard, lieu de vie énergique du folklore toulousain, se fait connaître dès 1992 sous le nom de Fabulous Trobadors. Ils débarquent donc avec leur album, Era Pas de faire, soucieux de faire tomber les frontières entre les genres, les individus et les religions. Portée par un dénommé Claude Sicre passionné de blues rural américain (comme Robert Johnson par exemple, je dis ça...je dis ça !) et par Ange B un amoureux du rap, cette musique est un mélange de beaucoup de choses. Un peu de hip-hop, un soupçon de riddims Jamaïcains, une grosse dose de percus, le tout recouvert par un coulis d'occitan. On pourrait appeler cette délicieuse recette musicale, le "rapatois".
Le groupe se base sur ses racines, la musique du Pays d'Oc, transmis de bouche à oreille depuis le Moyen-Age par les musiciens de la rue et les grands-mères, pour se livrer à des joutes poétiques sur fond de tambourins, issus des embaladores, chanteurs-improvisateurs du Nordeste brésilien friands de l'instrument qu'ils utilisent pour leur rythmique.
Cette musique est un voyage, qui nous prend en stop du côté de la Ville Rose, pour nous emmener jusqu'au Brésil en survolant le monde entier. Avec sa fraîcheur et son côté engagé aigre-doux, on achèterait facilement un aller simple pour la musique pétillante de ces fabuleux troubadours.
Allez celle là c'est cadeau, issue du dernier album, sorti il y a déjà 4 ans...



7.9.07

Tranquille in the name of !

Rage ! Rage ! Rage ! Voilà déjà 7 ans que les grondements annonçant The Battle Of Paris ont cessé de résonner à la Villette. Zach avait alors tout plaqué pour retourner au pays jouer de la mandoline (et ca respire la vie...il a l'air tellement heureux), ses trois musiciens se retrouvant alors orphelins après avoir malmené les gouvernements du monde autant que les salles dans lesquelles ils ont joué. Décidés à rebondir, ces derniers ne tardèrent pas à drafter Mr Black Hole Sun, pour enregistrer une série d'albums qui, pour le bonheur des inconditionnels, n'a compté que deux oeuvres certes pas catastrophiques mais pas non plus exceptionnelles. En effet, le son Rage était là, les hélicoptères de Tom Morello étant toujours en vol comme peut en témoigner le très bon Cochise...
Oui mais voilà, les Rage avec un autre chanteur que Zach, c'est un peu comme si on remplaçait la Tour Eiffel par...non ok, on ne peut pas remplacer la Tour Eiffel, mauvais exemple. Et bien c'est exactement pareil avec le quatuor de La Cité des Anges. Le groupe avait perdu ses convictions, et sa force de percussion. Comme si on participait à une manifestation, mais devant la télé. C'en était trop pour ce diplômé en sciences poltiques à Harvard. Ou plûtot pas assez, en fait. Déjà bien engagé pour un monde meilleur avec son ami Serj Tankian , où il avait d'ailleurs ramené un Chris Cornell plûtot motivé à participer à un set de Axis Of Justice, Mr Tom Morello avait besoin de plus d'action, un challenge de plus pour dénoncer toutes les exactions contre les populations dont il est le triste spectateur (comme nous d'ailleurs, jetez un coup d'oeil dehors vous verrez bien).
Il prit donc sa guitare à deux mains, la posa, et en acheta une plus petite qui sonne beaucoup moins électrique. Concept inconcevable, Tom avec une classique, et qui chante en plus.
Et bien agréable surprise les enfants, c'est neuf et ça sonne bien tout en rappelant de grands monuments comme Bob Dylan et Johnny Cash ("mais oui c'est ça et la marmotte c'est Tom Morello"). Ca a beau être beaucoup plus calme niveau son que Rage Against The Machine, on sent la même conviction, la même passion. Dès la première écoute, on a envie de faire la révolution dans son salon. A la deuxième, on est prêt à descendre dans la rue.
En changeant d'identité l'espace d'une carrière solo, The Nightwatchman réussit avec génie à baisser un peu le son pour que son message touche une plus grande partie du monde.
Ça et Zach qui a retouché un peu le micro à Coachella et bientôt à Vegas, on se régale. Et il se murmure que Mr De La Rocha aurait repris la plume avec comme échéance janvier 2008 et les élections américaines. Il était temps. Avec deux mandats d'absence (et pas des moindres, s'il vous plaît) , il doit en avoir des choses à dire !
Son compère, lui, n'a pas attendu pour crier haro...

6.9.07

D'hommage

Ce jour là, comme tous les ans, depuis plusieurs années mon père nous conduisait à l'aéroport et nous prenions l'avion pour aller passer les vacances chez notre grand-mère.
Vous savez ce que c'est l'aéroport quand vous avez dix ans, tout passe très vite autour de vous, vous avez les yeux grand ouverts, la moindre barrière de sécurité est un évènement.Vous portez votre sac, il est toujours trop lourd, tout le monde court vous ne savez pas pourquoi.
Comme si tout le monde avait décidé d'être en retard. C'est souvent un endroit immense pour vous à cet âge. Les allées font des kilomètres, il y a un milliard de gens. Donc difficile de reconnaître quoi que ce soit dans cette marée humaine, si vous ne croyiez pas au déluge, là vous êtes fixé.
"Allez dépèche toi Laurent, vous allez le rater". Vous y mettez tout votre coeur, mais c'est votre sac qui vous ralentit, vous voulez déjà être en vacances. Ici on vous marche sur le pied, là-bas un homme vous bouscule.
Tiens cet homme porte une veste "fluo", il n'est pas le seul en plus, ils sont deux. Deux hommes de chantiers dans un aéroport, étrange (et là, l'assistance s'indigne :"mais quelle naïveté ce gamin !" ). On dirait des gardes du corps, ils protègent surement quelqu'un. Il y aura peut être des coups de feu ? Une fusillade comme à la télé ? Intriguant.
Et puis il y a cet homme, qu'ils précèdent. Cet homme plus grand que tout le monde, qui me regarde furtivement à travers ses grosses lunettes noires. Je ne sais pas pourquoi, mais ce mouvement de la tête semblait vouloir dire: "Pousse toi p'tit gars, laisse passer, et regarde". Et effectivement je regardais, la bouche grande ouverte, ce mec qui marchait presque en dansant (il ne lui manquait plus que de claquer des doigts, pour achever cette oeuvre d'art instantanée) avec une coiffure invraisemblablement parfaite et le sourire du Joker coincé sur les zigomatiques.
Deux mots sortirent de ma bouche subjuguée mais interrogatrice (alors que le gars était déjà parti depuis 10 secondes) : James Brown ?
James Brown. Comme si cette "gueule" (véritablement, il avait une gueule ce mec) suggérait son nom. Comme si, par un quelconque moyen subliminal je l'avais enregistré. Comme si il était destiné à être reconnu de tous. C'en était presque mystique, voire religieux. Mais il n'y avait pas d'ange, ou de prophète dans cette Cène. Juste un Diable.

I miss you, James.

5.9.07

Est-ce que vous êtes encore vivants ?


" - Allo, tu connais pas la dernière ? FFF s'est reformé et joue aux Solidays ce soir !
- Hein ? Mais c'est qui FFF ? "
Grande question devant l'éternel, mais qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire FFF ?
FFF, comme la fusion entre la funk et le rock, le/la fonck, ce qui nous donne Fédération Française de Fonck, facile. Pourquoi si peu de gens (et c'est un oephémisme) connaissent ce groupe, je ne pourrai pas l'expliquer ("mais si tu sais le mec dans Burger Quizz là"). Et quand bien même les gens connaissent cela va rarement au delà du Pire et du Meilleur.
C'est donc avec ces à priori basés sur quelques conversations et sur mes souvenirs du collège où je découvrais leur album éponyme, que je me suis rendu au concert, ravi de pouvoir enfin admirer les héros de mon enfance, Nirvana et les Rage n'étant plus (ou presque) et Offspring étant ce qu'il est, c'est-à-dire plus grand chose non plus.
Me voici donc dans cette foule de trentenaires voire de quadragénaires (mes à priori n'étaient pas si mauvais, il n'y avait pas beaucoup de jeun's qui portent des jean's !), prêt à entendre Barbès résonner dans tout l'hippodrome.
Les jeux de lumière sont sympas avec une grosse couronne étoilée en fond, et le Marco Prince débarque avec des ailes d'ange (pour ceux qui pronent que le nom de leur groupe est l'amalgame de 666, c'est un comble, pas bête de choisir le 7.7.7 pour un retour après 6 ans et...ok j'arrête, je redescends) une crète que l'on pourrait qualifier de hautement magistrale, pour foutre le feu et brûler la pelouse. Chose faite assez facilement en enchaînant les riffs de Silver Groover !
Premier concert de FFF, j'avais attendu qu'ils se séparent pendant 6 ans pour les voir, y'avait pas de challenge sinon. Les néo-reformés enchaînaient donc les classiques, Act Up de rigueur, le Pire et le Meilleur, la Camisole et bien sûr le magnifique Morphée : "Vaincre la pesanteur du réel sur moi, m'enfoncer dans l'écume et ne plus manquer de toi".
On a même eu le droit à un petit Don't Stop 'til you get enough ! Et ils sont permis de jouer plus d'une heure et demie, ce qui n'est pas très courant pour un festival.

Bref, la totale. Et il paraît qu'ils ne veulent pas se reformer plus longtemps. Ils auront rallumé l'étincelle de la poésie, du funk et du rock pur et dur, l'espace d'une soirée. Et ça fait beaucoup de bien !

4.9.07

A propos d'une fille...


Oui d'accord mais quelle fille ? Et bien justement, j'ai retrouvé la "girl" de About a Girl ! La petite Tracy Marander est attendue à l'accueil par de nombreux fans cherchant un sens à cette chanson, merci.
Première relation sérieuse de Kurt, Tracy, qui commencait à en avoir marre d'entretenir un Kurt désabusé qui filait déjà un mauvais coton, lui demanda pourquoi il n'avait jamais écrit de chanson sur elle.
Mister Cobain se mit donc à l'ouvrage en écoutant en boucle toute une nuit le premier album des Beatles sorti aux Etat-Unis "Meet The Beatles". Le lendemain, "About a girl" était écrite, mais encore fallait-il lui trouver un nom. Kurt arriva en studio un peu plus tard et la joua. Chad Channing, son batteur lui demanda alors : "What is it about.. - "It's about a girl", coupa Kurt. Nous sommes en 1989.
Cette chanson au son très pop pour un groupe de grunge (oui mais voilà c'est pas non plus n'importe quel groupe de grunge) parle de leur relation qui se détériore de jour en jour. D'un côté Kurt ne supporte pas que Tracy travaille trop souvent car il n'a pas le temps de la voir ("But I can't see you every night...") mais d'un autre côté, il se rend bien compte qu'elle en a marre de payer les factures pour deux ("...for free") Il voudrait l'avoir à côté de lui tous les jours et qu'ils se suffisent à eux-mêmes, dans un monde où le travail n'existerait pas...
Dès ses premières chansons, on voit donc que Kurt Cobain diffuse son mal-être avec une simplicité et une transcription musicale des émotions impressionnantes. Et c'est précisément dans cela que réside tout son talent, il peut capturer en quelques notes le spleen de toute une génération. Musicalement parlant, j'aime tout particulièrement le mini-solo de fin avec les cordes étouffées.

Curiseusement, Tracy Marander apprendra seulement en 1998 en lisant Come As You Are : The Story Of Nirvana, que la chanson était pour elle.
Comme quoi vous ne le saviez peut être pas mais elle non plus...quel beau gâchis!
Patti Smith écrira une chanson hommage en 1995, pour lui cette fois-ci, qui s'intitule malicieusement About a Boy. Mais une chose est sûre malheureusement, il ne le saura jamais...


3.9.07

Robert Johnson - The complete recordings


Commençons par le commencement.
Années 20-30, Etats-Unis. La prospérité économique d'après guerre est de courte de durée, l'Amérique va se plonger dans une dépression sans précédent. Le krach boursier du Jeudi Noir a ruiné de nombreux foyers, la prohibition est décrétée.
C'est à cette époque, au beau milieu du Delta du Mississippi, l'Etat le plus ségrégationniste des Etat-Unis, qu'un jeune afro-américain né quelques années plutôt sous le nom de Robert L. Johnson acquiert sa première guitare, et commence à apprendre l'instrument avec les vieux bluesmen de la région.
Il lui aura fallu quelques années de pratique et une rencontre avec le Diable au bord de la route (il aurait vendu son âme au Diable contre la magie du Blues, Me And The Devil Blues) pour que celui dont on disait qu'il faisait fuir les gens avec sa guitare, enregistre parmi les plus beaux blues qui existent.
Robert Johnson finit, au fil des années, par se forger un style unique, jouant le plus souvent en open-tuning faisant le travail de deux guitaristes à la fois (basses et mélodie), ce qui lui valu un certain succès régional, de son vivant déjà.
Mais ce génie est également l'un des précurseurs du jeu au bottleneck, littéralement "cou de bouteille", objet métalique dont il se servait pour faire crier ses cordes, répondant tour à tour à ses complaintes vocales, et à son jeu en picking (pincé de corde).
En un seul double CD, on retrouve l'intégralité des oeuvres de Mr Robert J, comme le surnomme Eric Clapton sur l'un des nombreux hommages à l'artiste, Sessions for Robert J.
Vingt-neuf chansons, pour remonter presque cent ans en arrière, et revivre cette fascinante époque, dans la magie de ce son inimitable qui a traversé le XXe siècle sans une rayure, et qui pose les bases de la musique actuelle, le grand-père du Rock, la mamie du Funk, la musique Blues.
Il a aisément sa place avec les trois J (Jimi Hendrix, Janis Joplin, Jim Morisson) au panthéon de la Musique.
Et pas seulement parce que lui aussi, est mort à 27 ans.