3.4.08

As she is.

Le plaisir d'écouter un artiste en direct est un sentiment très particulier, qui s'explique assez aisément. L'une des principales raisons qui nous poussent à parcourir monts et merveilles pour obtenir le précieux sésame qui nous ouvrira les portes du paradis, est naturellement cette envie d'entendre l'authenticité du son, mais aussi d'assister à un événement unique qui a lieu ce soir là, dans cette salle et qui, dès les lumières rallumées, aura cessé d'exister à tout jamais. Ce goût pour l'imprévu du show me pousse quotidiennement à parcourir les labyrinthes du net pour connaître à tout moment les dates des dernières représentations de mes artistes de prédilection, que je ne saurais rater pour rien au monde (ou presque). Oui certes, ça fait un peu "fan de" mais Séverine Ferrer vous le dira mieux que moi (euh je suis en train de citer Séverine Ferrer là c'est bien ce que je fais ?) : "Prenez le temps de vivre la musique, et vous verrez, vous en deviendrez très vite accro. A la semaine prochaine".
La question du jour peut donc s'énoncer ainsi : Y a-t-il un quelconque intérêt à aller voir jouer le même artiste à quatre jours d'intervalles ? Réponse courte : "Oui" avec un "si...". Réponse longue : "Non" avec un "mais...". Partant du principe que chaque concert est unique et qu'on ne vit qu'une fois (surlignez la/les banalités ci-avant), c'est non sans un grand sourire que j'y réponds affirmativement, en ajoutant même que c'est désormais ma ligne de conduite.
Pour en revenir à nos moutons, il m'aura donc fallu un double concert d'Alicia Keys pour me remettre dans le virus de la critique subjective (tous à vos crayons, cherchez la figure de style) , et me déboucher les oreilles, toujours une seule à la fois, bien sûr. Deux ambiances, deux salles, deux univers. A choisir entre Bercy et le Zénith (de Paris...) le choix est vite fait, mais c'est d'abord dans la plus grande salle que j'ai commencé la série (n'ayant pas encore l'idée d'aller au prochain, ni de réfléchir à comment me procurer des places).
Un palais omnisports plein à craquer, un Chabat enjoué et moqueur arrivé au dernier moment, une vendeuse de sandwichs complètement stone et un Heyzo au taquet, tels étaient les prémices d'une soirée s'annonçant sous les meilleurs auspices. Et ce qui devait arriver, vous vous en doutez bien, arriva.
Je chantonnais le refrain de Prelude to a kiss, chanson qui tient à peu près ce langage : "Can you send me an angel ?". Et Ô stupeur, mes voeux furent exaucés instantanément (comme si il suffisait de chanter Fallin' pour tomber amoureux...). Après une introduction digne des plus grands studios hollywoodiens, la belle Alicia apparue sur scène, dans un nuage de fumée, derrière son inséparable piano. Et là, j'étais déjà tombé parterre alors que le concert n'avait même pas commencé.
Avec une classe et un sens du rythme à en faire baver plus d'un, elle commence tambour battant (j'ai envie de dire batterie battante surtout...) par piquer ça et là quelques titres au hasard dans ses trois albums en les interprétant avec ses choristes et ses musiciens, tantôt joués live, tantôt version album, un régal. Une première partie péchue et dansante à base de petites chorégraphies bien inspirées, c'était ce qu'on pouvait espérer de mieux !
Une bonne heure s'était déjà écoulée (ah bon, je croyais que ça faisait même pas dix minutes ?) quand elle décida de passer aux choses sérieuses en débranchant tout ce qui tournait autour d'elle et de son piano (allez hop, tout le monde dans les coulisses, circulez y'a rien à voir), et ce non sans une certaine auto-dérision : "They told me I have to dance and, you know, take my clothes off, but I prefer to tell you what I feel inside, so I think I'm gonna play my piano".
Et c'est en ça que réside la force et le talent d'Alicia Keys, son amour pour Frédéric Chopin (qui l'avait vu venir celle-là hein ?).
Alors que dans la tête de la plupart des gens, cette jeune femme est associée à des artistes comme Rhianna et Beyoncé, qui jouissent d'une image pas très folichonne (une femme-objet ?), Alicia est en fait, tout simplement, une vraie musicienne. Ses compétences pianistiques, son charisme, son sens de la scène et sa connaissance de l'Histoire de la musique, font de cette parolière-compositrice une artiste d'exception. Ne jouit-elle pas finalement que d'un seul défaut, son charme et sa beauté, qui lui ont longtemps collé sur le front, l'étiquette machiste du monde du R'n'B ?
Oui, Alicia est belle à l'intérieur comme à l'extérieur, et son nouvel opus est là pour le faire savoir. J'ai été touché de plein fouet par la grâce de Fallin' (il y a déjà sept ans quand même, quelqu'un pourrait-il arrêter le temps s'il vous plaît, merci) et la qualité, déjà, de son premier album (et oui, s'arrêter à cette chanson aurait été une grave erreur, écoutez donc Caged Bird), ainsi que le second qui m'a conforté dans mes choix musicaux. Ce mélange soul-pop-piano énergique est un vrai bonheur, j'en redemande. Mais c'est souvent au moment de confirmer qu'on voit si un artiste tient vraiment la route, ou si son talent n'était en fait qu'une erreur de jeunesse (et hop une autre figure de style , à vous maintenant !).
J'appréhendais donc son troisième album, As I am, avec une petite crainte, la crainte de la voir céder aux sirènes du R'n'B (où elle a déjà chuté deux fois médiocrement, en duo avec Usher, puis Eve). Et le single No One n'était pas vraiment annonciateur de bonne nouvelle...
Et bien j'ai été agréablement surpris par la diversité et la justesse de ce œuvre , que dis-je, de ce chef d'oeuvre.
Des chansons comme Lesson Learned, en duo avec John Legend, ou encore Superwoman, qui rappelle Stevee Wonder, écrivent une des plus belles page de la musique Soul. Sa voix suave sur Go ahead, et les cuivres sur Wreckless Love rappellent les plus grandes heures d'Aretha Franklin, de Diana Ross et des miss Motown de l'époque. L' album se termine sur l'extraordinaire Sure look good to me, qui est sans aucun doute la meilleure chanson qu'elle ait jamais écrite.
La deuxième partie du concert commença justement par cette chanson et une heure de piano acoustique nous attendait, dans un Bercy complètement subjugué et bluffé par la prestance de l'artiste.Il fallait être là pour voir toutes ces machoires bloquées, ces yeux sortis de leur orbites, comme si ils avaient eux aussi envie d'entendre cette voix exceptionnelle. La dernière demi-heure fut grandiose, la miss enchaînant tous ses titres phares. Au final, deux heures et demies (fois deux !) d'un show hallucinant, sans interruption qui ne vous laisse même pas sur les rotules, puisque l'émotion qui vous étreint vous fait oublier que vous êtes restés debout depuis tout ce temps et que vous n'avez pas bougé d'un poil.
Et vous allez me dire que vous attendez toujours la réponse à la question posée au début : " Mais pourquoi t'y est retourné quatre jours après ?".
La réponse est simple, l'envie de faire une chose insensée : revivre un moment unique une deuxième fois. Et si cette longue tirade ne vous avait pas encore convaincu, la suite, je pense, vous fera basculer. J'y suis simplement retourné pour entrendre Alicia Keys dire : "I got a little something for you, here he comes on stage, Lenny Kravitz ! ", et les entendre jouer en duo Always on the Run. Pour son dernier concert en Europe, en invitant Mr Lenny Kravitz, elle ne pouvait finir qu'en apothéose ! Il fallait aussi entendre Steeve à ce moment précis : "Ils veulent nous faire croire qu'on est immortel, mais il faut leur dire Lolo, il faut leur dire !"
Si l'humeur vous en dit, il ne vous reste plus maintenant qu'à apprécier ces quelques performances acoustiques qui sont à mes yeux, la seule, la vraie, l'unique et belle image que m'inspire Alicia Keys.
Yes, she sure looks good to me.


That's The Thing About Love



Superwoman



Sure Looks Good To Me



If Ain't Got You



20.12.07

I ain't made at cha


Sept septembre mille neuf cent quatre-vingt seize, Las Vegas, Nevada.
Ce soir là, dans la Vallée de la mort, la température ne voulait plus redescendre comme souvent dans la région. Le nuit battait son plein, le show était de mise comme tous les jours dans la ville de tous les loisirs. Un match de boxe faisait sensation, bien qu'il n'eut duré que quatre-vingt dix petites secondes.La soirée terminée, deux hommes sortirent dehors pour admirer la ville aux mille lumières, entre deux casinos,il faisait encore trente cinq degrés. A peine furent-ils montés en voiture, sortis du MGM Grand Hotel et son lion rugissant, que l'un deux, , surnommé Tupac Amaru Shakur, essuya les tirs d'un homme embusqué, tirs qui lui seront fatals, sept jours plus tard, à l'hôpital. Ce jour là, le monde entier était en émoi, la guerre des gangs faisait rage aux Etats-Unis, et laissait derrière elle des millions de fans inconsolables, qui venaient de perdre l'un des plus grands artistes musicaux de la fin du XXe siècle.
Voici l'histoire telle que tout le monde la connaît. Les rivalités Est-Ouest des gangs américains ont gagné le milieu du hip-hop et ont fini par coûter la vie à Tupac, appartenant au label angélique Death Row, et celle de Notorious B.I.G., signé sur le label new yorkais Bad Boys n'allant pas tarder à finir prématurément également. Ce que l'on sait beaucoup moins, c'est que l'ami de Snoop Dogg, dont vous avez tous au moins mimé une fois le signe distinctif, qui se veut représenter la Côte Ouest (le fameux "W", attention je vous vois le faire derrière votre écran), est né à...East Harlem, un quartier du nord de Manhattan !
Comment tout a-t-il dégénéré ? Comment cet homme, natif new yorkais est devenu le représentant de la West Coast ? Pourquoi cela a-t-il engendré tant de haine (je sens que je vais encore avoir le droit à un "mais quelle naïveté") ?
Au milieu des années 80, Reegan et sa main de fer sévissaient sur le Nouveau Monde et Maradonna essayait de révinventer le football. C'étaient les débuts du disque compact, et l'apparition du Hip-Hop aux Etats-Unis, Biggie et Tupac étaient alors deux jeunes adolescents, et flanaient le coeur en joie dans les rues ensoleillées de New York (quoi ? comment ça, ça s'est pas passé comme ça ?).
Peu après son déménagement à Oakland, les textes de Tupac commencent à se faire connaître dira-t-on d'un doux euphémisme, avec l'album 2Pacalypse Now et celui qui se faisait appeler MC New York dans le Maryland, était fin prêt à ebranler l’Amérique. Il n'hésitait pas à faire monter son ami Notorious B.I.G. sur scène ,comme l'atteste cette archive classée secret défense que l'INA m'a permis de diffuser non sans avoir acquis certaines accréditations.

La notoriété de Notorious B.I.G. commença alors à grandir, et Sean Combs le fit signer (Puff Daddy pour les intimes, puis P Diddy, puis Diddy, puis D, maintenant il se fait appeler |, c'est juste la barre du D) En parallèle, Tupac sort Strictly 4 my NIGGAZ, qui devient à son tour disque de platine. Nous sommes au début de l'année 1993, et tout va bien dans le meilleur des mondes, Tupac est calibré pour devenir le meilleur rappeur de l'histoire du Hip-Hop et Biggie commence à faire son trou.
Oui mais voilà, tout n'est pas rose au paradis et les choses vont vite se dégrader.
Au début de l'année suivante, Tupac Shakur est reconnu coupable d'agression sexuelle sur une fan avec deux de ses compères. Il est condamné à quatre ans et demi de prison (il aurait du y rester ! Comme ça il serait sorti en vie en 1997 ! Enfin rien n’est moins sûr…). Le lendemain du verdict, il se fait tirer dessus alors qu'il se trouve dans un studio d'enregistrement à New York, juste avant de servir sa peine.Alors que Tupac vit des déboires à n'en plus finir, Biggie va sortir son premier album,Ready to Die en 1994.
C'est à cet instant précis que tout va basculer (stop, arrêt sur image!).
Tupac en prison, ronge son frein. Son ami de toujours dont il est persuadé qu'il a quelque chose à voir avec sa tentative de meutre à New York (le commanditaire serait un certain Stretch Walker de son ancien groupe, Live Squad, qui s'apprêtait à partir chez Bad Boys Records et qui fut assassiné un an jour pour jour après la mort de Tupac), vend des disques qui ressemblent aux siens, rappe sur la vie de 2Pac, utilise ses rimes...il gagne son fric et veut le faire descendre (sympa l'ami, non ?) !
Peu après, la sortie de prison de Tupac est monayée par Suge Knight l'emblématique patron de Death Row Records (un mec qui fait tellement peur que Dr Dre en personne se fera faire un décret d'éloignement pour que Suge n'ait pas le droit de l'approcher !).
Ce passage en prison a coïncidé avec une crise de violence chez Tupac et alors qu'il n'avait jamais été jusque-là proche des gangs, il est devenu très lié à celui des Mob Piru Bloods (à Los Angeles, il y a deux gangs, les Crips et les Bloods, qui sont à la tête de plusieurs centaines d'autres gangs). On est bien loin de l'image d'un jeune homme plein de charisme, d'ambition et d'humour, déterminé à sortir d'une enfance difficile et qui, bien loin de l'image de la violence et des gangs, était un assidu des cours de comédie et de poésie.

Le 13 février 1996, son quatrième et double-album "All Eyez On Me" sort. Ce chef d'oeuvre est un long déluge de rage. En sera extrait le super hit et hymne "California Love" en compagnie de Dr Dre, "2 Amerikaz Most Wanted", j'en passe et des meilleures. Mais 2pac, n'en démordra pas, Biggie et son crew sont réponsables de sa tentative de meutre (on parle également d'un Puff Daddy énervé que Tupac ait préféré Death Row à Bad Boys Records). Il s'est rapproché des gangs de Los Angeles, ses pires ennemis ont main bassse sur le hip-hip new yorkais, ce sont autant de raisons pour le voir définitivement tirer un trait sur la côte est et son New York natal.
La suite tout le monde la connaît, Tupac est asssassiné, puis Notorious B.I.G. subit le même sort un an plus tard. A ce jour, aucun des deux meurtres n'est élucidé. Guerre de gangs ? Producteur mégalo ? (Suge Knight aurait supprimé Tupac, parce qu'on parle toujours au conditionnel dans cette histoire, car il lui devait plus de 17 millions de dollars de royalties et que ce dernier voulait faire carrière au cinéma). On ne le saura jamais, mais une chose est sûre, le LAPD, dont bon nombre de flics ripoux étaient proches de Suge, s’est fait un plaisir de bâcler l'affaire.
Le charismatique 2Pac Shakur , génie du flow et des textes précis et percutant est parti un peu vite et on parle encore dix ans après. Lui qui s’était destiné à une magnifique carrière artistique aura finalement eu son heure de gloire. Dommage qu’il n’en ait profité que quelques minutes. Avec lui c’est la plus grande époque du hip-hop qui s’en est allé. Et au vu de ce que nous réservent les années 2000 dans le domaine, on pensera bibliquement que le hip-hop va pleurer son roi, pendant encore des siècles et des siècles, et des siècles et des siècles…

30.11.07

Place of Birth - Le tri...pop.


Quel meilleur jeu de mot pourrait introduire l'histoire du trip-hop ? Je vous le demande ! Quoiqu'il en soit, cessons de nous jeter des fleurs pour rien, et arrêtons nous un moment sur les balbutiements de cette intriguante musique.
A l'heure de la lutte contre le réchauffement climatique, et d'un mouvement écologique sans précédent (qui s'en plaindrait ? J'ai envie de dire : enfin !), la tendance est au recyclage et au tri selectif. La musique n'y échappe pas, bien au contraire, et on voit de plus en plus fleurir des pochettes en carton accompagner les dernières créations machiavéliques de nos si sympathiques artistes. Si, si je vous assure, il y en a encore qui achètent leurs cds, par exemple, au hasard : moi. J'en profite d'ailleurs, une fois n'est pas coutume, pour faire de la publicité, et ce ne sera malheureusement pas pour un petit disquaire indie du coin de la rue, mais pour le plus grand évènement que Villebon-sur-Yvette ait connu depuis la victoire de nos volleyeuses en Coupe d'Europe en 2003 : je vous le donne en mille, une Fnac ouvre ses portes aujourd'hui dans la ville des bons ! Conscient de lancer le plus gros "buzz" internet de l'année 2007 je vais malgré tout revenir à mes moutons.
La musique c'est un peu comme les poubelles en Allemagne (quoi, ô lecteur fidèle, tu es perdu ?), on ne sait plus trop qui va avec quoi. Que faire d'une musique influencée par le hip-hop, mélant jazz, soul rock et autre blues avec un soupçon d'électro ? A part de la carctériser à l'aide de ces sempiternels adjectifs qui n'aident pas vraiment à savoir de quoi il est question, notamment les "c'est atypique", et autre, "dis donc, c'est très éclectique comme musique" ? Et bien justement, c'est exactement de ça dont il s'agit, le trip-hop englobe toutes les musiques éclectiques qui n'apppartiennent à aucune autre catégorie. Reconstitons les fait pour en savoir un peu plus.
En 1990, un petit groupe de Bristol, nommé Massive Attack, sort un album intitulé Blue Lines qui va étonner la critique par son côté sombre/mélancolique et son univers musical s'apparentant à un véritable melting pot sonore.
Parallèlement, en 1991, DJ Shadow, qui officie entre autres dans le groupe Public Enemy, profitera de la création de la maison de disque Solesides avec d'autres amis rappeurs, pour sortir quelques titres et notamment In/Flux où des samples totalement différents flirtent les uns avec les autres, dans un style totalement expérimental. L'abstract hip-hop était né.
Les critiques se passent le mot, et c'est un journaliste anglais du magazine Muzzik qui utilisera pour la première fois le terme, en contractant le mot absrtact jusqu'à n'obtenir que la simple lettre "t" pour écrire : "this is trip-hop". Et c'est ainsi que l'on trouva un nom à la musique de Massive Attack et tous ses rejetons du nord de l'Angleterre.
Musicalement parlant, on est vraiment dans la définition du mot argotique, "tripper" : cette musique mélangeant plusieurs pistes superposées, donnant une sonorité très riches, accompagnée de voix souvent très posées aux textes mélancoliques et aux phrasés abstraits pour donner un style très "planant".
Si l'on n'avait à retenir que quelques artistes dans un monde aussi grand que le trip-hop (qui a engendré l'acid-jazz, l'electro-dub et la french-touch, une vraie fourmillière...), faisons la part belle aux essences de ce mouvement.
Portishead, tout d'abord , de Brisol eux aussi, qui en 1994, ont tapé un grand coup de bambou derrière nos têtes, en sortant Dummy et son Glory Box, qui restera pour moi une des chansons les plus inquiétantes et intriguantes que j'ai jamais écouté avec ces petits grésillements de vieux vinyles, cette ambiance de musique de film et cette voix cassée, presque déchirée, déchirante, en tout cas. Cette alchimie, cette ambiance si particulière est vraiment propre au trip-hop. On rêve, on plane, on fleurte avec le psychédélique, tout en gardant les pieds sur terre.

Morcheeba a également sa place dans ce coup de coeur bien "trippant", avec sa musique oscillant entre la pop et l'expérimental (Mor pour "middle of the road", et Skye Edwards et les frères Godefrey ne savant pas trop laquelle prendre...). Originaires, eux aussi, de la Perfide albion, mais Dover cette fois-ci (Douvres pour les intimes), Morcheeba est apparu avec Who Can You Trust en 1996 et deux en plus tard, avec Big Calm et le mystérieux Blindfold.

Avec ces deux groupes et la bande à Tricky, les anglais avaient leur alternative à la brit-pop, qui commençait un peu à s'éssoufler. J'avais 12 ans à cette époque, et je n'étais sûrement pas assez armé pour affronter cet univers trépidant (surement trop occupé à écouter les Rage).
Même plus tard d'ailleurs, je n'avais toujours pas de quoi me défendre, je n'ai donc pas pu résister à cette massive attaque...

27.11.07

Listen all you New Yorkers.


Groupe inclassable parmi les groupes sans étiquettes, parlons aujourd'hui d'un trio atypique qui passe sur les ondes depuis plus de vingt cinq ans maintenant...
Si comme moi vous avez découvert MTV au milieu des années 90, vous avez certainement déjà vu ce clip où des robots géants envahissent les rues de New York sur un fond de guerre des étoiles remixée ou encore ces pastiches de flics, ray-ban et perruques ajustés se livrant à une course poursuite sans fin le tout sur une musique incisive (on peut appeler ça de la fusion, quoique le terme est vaste) dans un clip au titre francisé, Sabotage...
Si ça vous dit effectivement quelque chose, c'est que vous connaissez les Beastie Boys, peut-être même sans le savoir d'ailleurs !

Le trio old-school composé de Michael "Mike D" Diamond, Adam "MCA" Yauch et Adam "Ad-Rock" Horovitz (sous sa forme actuelle) a donc longtemps navigué entre deux univers.
Celui du punk-rock tout d'abord à époque où ils s'appelaient encore The Young Aborigines puis
ils prirent une tout autre dimension en entrant de plein fouet dans le mouvement contre-culturel (ça sonne mieux "underground" non ? pourquoi ?) le plus en vue de ces trente dernières années, j'ai nommé le hip-hop. Et de quelle façon ! Licensed To Ill, leur premier album devient le premier disque de Hip-Hop à atteindre la première place des charts américains, en 1986. Ca fait beaucoup de premières fois pour un groupe qui n'en demandait pas tant !
Les trois new-yorkais complètement délurés sont aussi des adeptes du "come-back". Après cet album tonitruant, deux opus suivront, Paul's Boutique et Check Your Heat, plutôt bien accueillis autant par la critique que par le public. Mais c'est en 1994 (huit ans après leur premier tube (You Gotta) Fight for Your Right (to Party)) qu'ils vont encore une fois casser la baraque (et cette fois-ci quelquechose de soigné !) avec l'énormissime Ill Communication et son très fusionnel Sabotage. "Listen of all y'all it's sabotage !"


Les trois musiciens accèdent alors au rang de véritables stars. Les concerts aux Etats-unis sont
"sold out" en quelques minutes, tout le monde se bouscule pour voir ce mélange explosif remixé à grosse dose de samples !
Les Beastie Boys ne sont pas seulement des gars complètement barrés qui mélangent le décalé et l'underground, ils savent aussi être concernés et responsables, comme en témoigne leur idée d'organiser en 1996 le premier "Tibetan Freedom Concert" à San Francisco. Mais ces garçons enragés ne vont pas s'arreter sur ces succès et va arriver en 1998, le fameux Hello Nasty, qui va les faire définivement glisser sur la pente de l'électro-hip-hop, comme en témoigne l'extra-terrestre Intergalactic ou encore Body Movin'. Mix Master Mike est devenu leur "DJ résident" depuis cet album et ses scratchs coupant comme des lames de rasoir rajoutent à la qualité de la galette.
Après autant de rebondissements, on pouvait s'attendre à tout. Mais c'est le moins bien qui pointa son nez: ils sortent un best of en 1999 pour couronner 20 ans de bons et loyaux services, puis leur label, Grand Royal, fait faillite en 2001, tout le monde remballe, la fête est finie. Est-ce la fin des Beastie Boys ? Appartiennent-ils déjà au passé ? Non, personne n'ose y croire, ils vont revenir c'est sûr.
Et ce qui devait arriver, arriva. The Beastie Boys are back on the scene for the people's delight ! En 2004, l'album hommage à leur ville natale, la mythique New York , vient fracasser les ondes à grands coup de micros et de platine ! Il s'intitule sobrement To The Five Boroughs, périphrase de la Grosse Pomme (qui est aussi une périphrase de...ok stop !), la ville étant la réunion de cinq arrondissements : Brooklyn, le Bronx, Queens, Staten Island et Manhattan (enfin des gros arrondissements, Brooklyn serait à elle seule la 4e ville des Etats-Unis si elle était indépendante !). Cette oeuvre est un retour aux sources, et sonne véritablement rétro avec un retour aux bons vieux breakbeats des familles comme en témoigne le titre d'introduction, Check-it Out.

Tout est parfaitement calé, les boucles sont matrîsés et le flow est posé comme le trio sait le faire. Le son est plus électro et épuré que sur leur précédent album, comme dans l'excellent Triple Trouble, ou encore Oh Word? qui nous projette dans le New York des années 80.
Un petit sample de Run DMC par là sur 3 the Hard way, quelques phrases en français par-ci avec ce sympathique accent new-yorkais (Ceci cela, oh n'est-ce pas, qu'est-ce que c'est le brouhaha) sur The Brouhaha, To The Five Boroughs a toutes les qualités requises pour devenir un must (un "must have" en fait, je ne savais même pas que l'expression venait de là).
Ils usent et abusent des jeux de mots (le président des Etats-Unis en prend pour son grade)
et des blagues jusqu'à partir carrément dans leur trip (écoutez la fin de It takes time to build...ou le début de Hey Fuck You et ses...chabadu, chabadi !). C'est du vrai Beastie Boys, tout est là, les textes, le son, les arrangements. La plupart des chansons ont un rythme qui vous résonne dans la tête jusqu'à la fin de la journée, et ça c'est vraiment bon (We got the, we got the, we got the...)
Le plus étonnant dans cette album est incontestablement le côté beaucoup plus sombre du trio qu'ils n'ont pas du tout l'habitude de montrer, et qu'on peut entendre sur le gros, gros titre de l'album : An Open Letter To NYC. On vit vraiment dans cette chanson, jusqu'à en avoir des frissons, l'après 9/11 de cette ville meurtrie qui a su malgré tout, contre vents et marées, garder le cap, pour rester une des villes les plus fascinantes de notre petite planête.
Je m'éclipse sans bruit pour vous laisser apprécier cette véritable déclaration d'amour et son refrain particulièrement émouvant :
“ Brooklyn, Bronx, Queens and Staten, from the Battery to the top of Manhattan, Asian, Middle Eastern and Latin, Black, White, New York, you make it happen.”

24.11.07

No one is'ah running...

A quoi sert un show case ? Sinon a faire la promo d'un artiste déjà complètement bombardée sur les ondes ? La voilà notre troisième guerre mondiale (n'ayons pas peur des mots...), celle de l'industrie du disque. La musique commerciale n'est pourtant pas du tout dans le vent, on est "in" de nos jours quand on écoute de la musique "underground". Qui n'a pas entendu un jour cette petite phrase assissine qui vous ferait détester votre plus fervent artiste : "ah moi je n'écoute pas ça, c'est bien trop commercial".
En une petite suite de mots, tout votre système de valeurs se voit remis en question. Pourquoi ? Parce que la musique que vous écoutez touche plus de gens ? Parce que vous suivez la vague comme un mouton qui a besoin qu'on lui mâche son herbe ? Et bien non, ca ne se passe pas tout à fait comme ça. Hier, j'étais à l'une de ces représentations commerciales, justement, sur les Champs-Elysées. A peine sorti du boulot j'attendais Asa, au milieu des cd et dvds, en plein centre du magasin. Nous étions une petite trentaine à nous approcher de cette scène improvisée composée de trois chaises, deux petites enceintes et deux micros.
Une jeune femme aux airs de Whoopi Goldberg entra avec sa choriste, et Mister Nicolas, son guitariste. La prestation fut courte mais intense, une demi-douzaine de chansons étaient au programme (un vrai concert en fait, pour une artiste qui n'a que dix chansons sur son premier album). Asa, la principale intéressée, jeune nigérianne né à Paris et vivant a Lagos, su parfaitement jouer avec son public et réchauffa l'assistance en vue de la fraîcheur de ce début de week-end.
Car effectivement sa musique agit comme la météo, elle joue une musique rafraîchissante qui contraste avec sa voix chaude et profonde, qui vient de là-bas comme on dit, et nous fait voyager par delà les nuages à travers ses chansons en yoruba et en anglais, ses deux langues maternelles. Etait-ce à force d'écouter sa chanson qui passe vingt fois par jour que j'ai apprécié ? Ai-je acheté le cd juste après, dopé par cet effet commercial en la forme de ce concert complètement intimiste (pour le coup, j'avais vraiment l'impression qu'elle jouait pour moi) ?
Et non, j'avais déjà le cd en poche et je n'ai encore jamais entendu cette chanson à la radio.
Il m'a fallu une fois, une seule écoute pour courir chez mon disquaire (le gars qui vit encore dans les années 80...). Je suis tombé sur cette vidéo et ça m'a suffit. Comme quoi, le talent pousse peut être trop fort la porte de la célebrité, certaines fois...




9.11.07

Ayo, will you marry me ?


Il est des moments dans une vie où le temps nous donne l'impression de s'arrêter, comme si seul le microcosme nous entourant était encore en fonctionnement et que tout avait cessé d'exister au-delà. Ce soir là en était un, un endroit universel, pour un concert intemporel.
Une fois sortie de la bouche de métro avec la Clairounette, comme Jey aime bien l'appeler,un monde totalement différent s'offrit à nous. Perdus dans la brousse villetoise, nous marchions déjà depuis de longues minutes, longeant les points d'eau, seul espoir de survie en cette chaude soirée d'hiver. Deux rivières, de part et d'autre, nous amenait tranquillement, au bout du monde...Nous nous sommes arrêtés pour nous abriter quand la mousson fût venue, et quelle ne fut pas notre surprise, sous ce chapiteau improvisé.
Elle était là tranquille, imperturbable, avec sa longue chevelure tressée, occupée à dompter ce cabaret, presque sauvage. Oui, sauvage, un cabaret sauvage. Cette foule était venue, passionnée, mais comptait bien en avoir pour son argent. On pouvait apercevoir Tryo au fond du bar, et ses musiciens tranquillement accoudés au comptoir, un public de connaisseurs en somme.
Alors, quand au bout de seulement trois chansons, la jolie princesse Ayo perdit son retour (et sans retour elle n'entend pas assez les autres musiciens pour pouvoir se synchroniser, à ne pas confondre avec le feedback qui est une sorte de "larsen agréable"), la suite des événements prit une tournure proprement hallucinante.
D'un côté, la foule désemparée, déjà prêt à tomber amoureux, qui voit son concert se terminer au bout de cinq minutes. De l'autre ce petit bout de femme, au sourire ravageur, et au visage si expressif qu'il ferait chialer la plus épaisse des brutes qui agit dans ce bas monde. Elle rit, elle sourit, on dirait qu'elle peut pleurer à chaque instant (un concert à fleur de peau !), elle aime trop Paris, c'est son dernier concert, tout va-t-il être gâché par un petit détail technique ? Non, Ayo paraît fragile mais elle a la force des très grandes, elle se met à improviser avec son accent irrésistible, venu de loin, mi-tzigane mi-nigérian, pendant que ses musiciens meublent avec une bonne rythmique : "Here I am in Paris, here I am in Paris, I love France and I love you, and what I say is so true."Le public est hilare, elle joue, elle rigole aussi, toujours en inventant ses mots, elle communique beaucoup, les spectateurs jouent le jeu, la soirée est enfin lancée. Elle nous propose ensuite de nous jouer quelques nouvelles chansons mais elle a décidément très peur que le public tombe dans l'ennui (elle aurait surtout du s'inquiéter pour ma mâchoire, j'ai passé la soirée littéralement bouche bée, à ne pas en croire mes yeux ni mes oreilles!).
Une fois ses nouveaux titres jouées, elle se lance dans une incroyable session d'invitations, qui commence par DJ Taïchi, qui débarque sur scène avec ses platines, et là, scène originale : le dj commence à scratcher, les musiciens accompagnent le beat et Ayo se met à rapper !
Mais nous n'étions pas au bout de nos surprises. Quelques minutes après c'est Sly et Sir Samuel du Saïan Supa Crew qui la rejoignent pour lui donner un coup de main ! Le rap laisse place au reggae-ragga, on passe du coq à l'âne, puis la demoiselle veut chanter sur un air funky, hop les musiciens s'exécutent !
Deux heures de concert sont passées déjà et Daniel (le Da de Mamagubida) a rejoint Ayo entre temps, pour jouer du cajon (prononcez "carrrone" à l'espagnole), sorte de petite caisse carrée sur laquelle on s'assoit et que l'on tape en guise de percussions (un objet que Leon Mobley, un "criminel innocent", affectionne également). Après autant d'énergie dépensée (la foule est en délire, Ayo ne s'arrête plus !), place à un peu de calme avec une version émouvante de How many Times, accompagnée d'un violoniste. Voici la version moins émouvante (mais quand même !):

Et là le plus improbable de cette soirée complètement improbable va arriver, notre jolie chanteuse décide qu'elle ne se sent pas assez proche de son public, elle prend donc l'initiative de descendre danser et chanter avec nous ! Et ce n'est pas pour y rester trente secondes, mais plus une bonne vingtaine de minutes !
On l'aura compris Ayo ne fait pas semblant et quand elle veut donner, elle donne sans compter. Revenue sur scène, la belle joue les ballerines, sur un morceau de piano qui ressemble à s’y méprendre à du Yann Tiersen dans Amélie Poulain, puis danse la salsa sur commande (oui, on est dans le grand n'importe quoi, le concert qui n'a pas de sens, je vous l'accorde) !
On va tranquillement vers la fin et Ayo nous quitte quelques secondes pour revenir avec le très charismatique Patrice (son mari) pour un duo très "love", avec blague et drague au menu, très beau encore une fois. Vous vous imaginez bien qu'à cet instant, je ne pourrais pas dire que j'étais bluffé car le mot n'était plus assez fort. C'est le moment qu'elle choisit pour jouer son fameux Down on my knees et finir en beauté.
Je voulais faire un article sur "le meilleur concert du monde ever", mais là je ne sais plus trop quoi penser (peut être à arrêter de faire des classements entre des concerts qui ne se ressemble pas qui sait ?) Il y a tout eu ce soir là, et Ayo m'a vraiment séduit par son naturel et son amour de la musique, de la vie en général (euh...à oui, et son sourire m'a fait fondre aussi je l’ai dit ça ?), et comme la miss l'a très bien dit : "La musique a ça de magique, c'est que tout le monde se comprend car nous parlons tous la même langue, après tout". Reçu cinq sur cinq ma belle !

31.10.07

Place of Birth - Funky Brewster !


On a souvent l’habitude d’entendre : « les voies des genres musicaux sont impénétrables », et ce à bon escient. Pourquoi la musique de James Brown, le Créateur, comme on l’appelait souvent, par exemple a-t-elle débouché sur l’apparition du funk ? S’est-il assis à son bureau un soir, et en regardant ses partitions s’est-il exclamé : « tiens c’est funky, je vais appeler ça du funk » ?Mais qu’est-ce donc qui régit la création d’un type de musique ? Par quoi tout commence ? Prenons donc deux genres bien distincts pour essayer de comprendre ce phénomène : la funk et le trip-hop.
Est-ce que quelqu’un s’est déjà demandé ce que voulait bien dire le mot funk ? Je vous avoue que jusqu’à aujourd’hui, pour moi funk voulait dire funk. La seule définition que j’avais de funk c’était quelque chose de funky (on va aller loin avec ça…), d’enjoué, fait d’une myriade d’instrument un truc qui fait que votre corps se met à bouger tout seul, presque instinctivement. Une musique qui vous guide, vous vous sentez comme un cobra devant un joueur de flûte, c’est irrésistible. Et ce n’est pas Maceo Parker qui dira le contraire : « "Le funk, c'est un style fait pour ceux qui veulent danser et s'amuser, un style permettant de lever d'emblée toute inhibition. »
Donc la funk amène le funky et inversement. C’est un peu le chat qui se mord la queue, on n’en voit pas la fin. Oui mais ça veut dire quoi en vrai ?
Et bien, après investigation , des jours d’enquêtes, des nuits d’analyse, votre Champolion de la partition a trouvé la réponse, on trouverait l’origine de la funk …en Belgique ! Oui, monsieur !
En flammand, fonck est synonyme de peur, d’épouvante, au XVIIe siècle. Et qu’est-ce qui se passe quand on a peur ? On sue à grosses gouttes. Et de là va découler le mot funk, qui désigne plus généralement la sueur et les odeurs corporelles (on parle même d’une origine française pour la funk, du mot « fumet » ou d’une origine angolaise du mot « lu-fuki » en kikongo, les historiens musicos ne sont pas très clairs là-dessus).
Par la suite, l’Amérique va s’approprier le mot funk pour désigner toute odeur puissante et forte, et plus particulièrement celle qui accompagne l’acte sexuel. Vous l’aurez sûrement trouvé tout seul, les homophonies entre « funk » et l’argot américain « fuck » auront contribué à l’évolution du mot. Rien d'étonnant alors à ce que le mot funk envahisse l'univers de la musique populaire noire, que cette vieille Amérique puritaine considère comme proprement obscène.
Rendons donc à César ce qui appartient à César, les débuts de la funk seront officialisés par le titre du Créateur, « Cold Sweat ». Voilà où et comment le funk était né, et ça donnait de sacrées sueurs froides à l'époque !
De GrandMaster Flash a Georges Clinton, en passant par le Funky man de Kool & the Gang et les psychédéliques Sly and The Family Stone, ou encore les trois éléments indispensables du genre, Earth, Wind and Fire, la funk aura depuis, littéralement inondé les dance floors et c’est pas pour nous déplaire !
Attention, vous allez avoir une irrémédiable envie de bouger (Fais gaffe Axel, tes bras vont scratcher !). Are you ready ?